Culture

« Kinds of Kindness » avec Emma Stone, un film 3 en 1 qui n’a rien d’indigeste

CINÉMA – C’est l’heure de passer à table, et autant vous prévenir, il vaut mieux avoir faim. Kinds of Kindness, nouveau projet de Yórgos Lánthimos sort au cinéma ce mercredi 26 juin. Le réalisateur grec fraîchement oscarisé a imaginé un ovni en trois parties avec à l’affiche Emma Stone, Willem Dafoe et Jesse Plemmons, qui a reçu le prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes pour ce film. Un film long, mais qui se déguste non sans curiosité.

Si vous avez vu Pauvres Créatures, La Favorite, ou encore The Lobster, vous le savez : lorsqu’on pénètre dans une salle de cinéma pour voir un film de Yórgos Lánthimos, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Kinds of Kindness pousse cette constante encore un peu plus loin.

Le réalisateur, que nous avons rencontré au Festival de Cannes, nous a expliqué comment ce projet fou avait été validé par les producteurs. « Déjà, ce n’était pas un très gros budget. (rires) Mais ensuite, nous avons une relation qui dure, ils croient en nous, nous font confiance », explique Yórgos Lánthimos. « Je mesure bien la chance que j’ai d’avoir une totale liberté de création artistique depuis le début. C’est souvent plus simple qu’on ne l’imagine. »

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Un film de Yórgos Lánthimos en trois parties

Le long-métrage est divisé en trois chapitres qui n’en sont pas vraiment puisqu’ils n’ont rien à voir ou presque les uns avec les autres : les histoires qu’ils racontent sont différentes, les personnages également. Et pourtant, ces trois morceaux s’imbriquent parfaitement pour former un ensemble non seulement cohérent, mais indivisible. Un projet dont Yórgos Lánthimos nous a détaillé la genèse.

« Au début, il ne devait y avoir que la première histoire. Puis on s’est dit qu’un triptyque, ce serait intéressant comme forme », décrit le cinéaste. « Donc on a écrit plein d’idées, et on en a gardé trois qu’on a écrites individuellement. Ensuite, j’ai eu envie d’avoir les mêmes acteurs, pour conserver de la cohérence et de conserver des thèmes. J’ai l’impression qu’il y a de la continuité entre les trois, et que les spectateurs vont se l’approprier comme un bloc. »

Le premier tiers suit le destin de Robert, employé (trop) modèle qui ne vit que pour servir les désirs de son patron Raymond. Même les plus absurdes. Un jour, Robert décide que les exigences de ce dernier vont trop loin et décide de tout raconter à sa femme. Sa vie bascule en un claquement de doigts.

La seconde partie de ce triptyque se penche sur un couple en apparence bien sous tous rapports. Daniel est policier et vit dans l’angoisse suite au naufrage du bateau de sa femme biologiste et chercheuse. Mais à son retour, il ne la reconnaît pas.

Le troisième et dernier tiers de Kinds of Kindness plonge les spectateurs au cœur d’une secte. Andrew et Emily, deux fidèles, sont à la recherche d’une jeune femme très spéciale, destinée à changer le monde.

Le fil rouge de Kinds of Kindness

Sur le papier, ces trois récits n’ont rien en commun. Et pourtant, tous racontent à leur manière des histoires d’amour, de dépendance affective, et de gentillesse dans ce qu’elle peut avoir de plus tordu. Celles d’hommes et de femmes brisés, qui cherchent l’approbation et la reconnaissance de l’autre – qu’il s’agisse d’un ami, d’un amant, d’un gourou, d’un patron – ou au contraire, la fuient.

Le réalisateur nous explique : « Cette notion de contrôle absolu sur autrui, qui mène à des situations de vie ou de mort, est fascinante. J’ai essayé de me demander si ça existait vraiment aujourd’hui et de la pousser à l’extrême, voir où ça peut nous mener. La notion de liberté aussi, savoir si on sait vraiment ce qu’on veut quand on est libre, ce qu’on fait quand on obtient cette liberté, c’est propre à chacun. »

Et puis il y a le casting. Yórgos Lánthimos a donc confié les rôles aux mêmes acteurs qui effectuent au fil du film des métamorphoses. Emma Stone, qu’il a déjà dirigée dans La Favorite et Pauvres Créatures, et Willem Dafoe qui était son Dr Frankenstein : « des évidences » pour le réalisateur.

Et puis il y a Jesse Plemons récemment vu dans Civil War : « Pour moi, c’est l’un des acteurs les plus brillants de sa génération. Je le suis depuis très longtemps, et j’ai toujours eu envie de travailler avec lui. Ces rôles, c’était l’occasion idéale. Il s’est parfaitement intégré à notre petite troupe », précise Yórgos Lánthimos. Au casting, il y a aussi Margaret Qualley, Hong Chau, Hunter Schafer et Mamoudou Athie.

Un menu en trois plats avec du liant

Si ce film en trois sous parties forme un bloc cohérent, c’est aussi car il existe entre ces différents chapitres de très nombreux thèmes récurrents, autres que l’amour. La nourriture en est un, mis beaucoup plus en avant dans le tiers du milieu, au risque d’en donner quelques nausées. Autres thèmes qui reviennent à plusieurs reprises : la gémellité, le sexe et la fluidité de ce qui définit un couple, la parentalité et la filiation également.

Kinds of Kindness est une anthologie complète, solide, sans aucun doute destinée à provoquer un public qui adoube le réalisateur depuis plusieurs années maintenant, comme le montrent plusieurs scènes volontairement choquantes. Et il faut le reconnaître, le long-métrage est aussi par moments très drôle, tirant au public, par l’absurde, des rires parfois gênés, parfois choqués, mais des rires tout de même.

Une chose est sûre, Kinds of Kindness ne laissera personne sur sa faim. Mais le menu unique en trois plats proposé par Yórgos Lánthimos avec ce film ne sera probablement pas non plus du goût de tout le monde.

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