Culture

La crise des Ehpad peut être tordante, comme dans ce film avec Yolande Moreau et Laure Calamy

TÉLÉVISION – Attachez votre ceinture, Yolande Moreau prend le volant. Ce vendredi 22 novembre, l’actrice belge est de retour sur le petit écran à l’occasion de l’arrivée sur Arte.tv de Je ne me laisserai plus faire, formidable « road movie » féministe de Gustave Kervern dans lequel elle campe la copilote.

Notre héroïne, Émilie, est bien dans l’embarras. Le seul et unique soutien qu’elle avait jusque-là (son fils) vient de mourir. C’est lui qui payait la maison de retraite. Pas question d’emménager chez sa belle-fille. Elle ne le lui a pas proposé. Pas question, non plus, de rester dans cet établissement pour personnes âgées. De toute façon, elle n’a pas les moyens.

Du jour au lendemain, Émilie prend ses cliques, ses claques et les quelques économies qu’il lui reste en poche. Ce sera suffisant pour louer une voiture. Mais pour aller où ? Pas très loin. Direction la maison de cet ancien camarade de classe qui l’a humiliée enfant. Émilie menace de le planter s’il ne lui montre pas ses « couilles », pour reprendre ses mots. Paniqué, il s’exécute.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.

C’est bon. Émilie peut rayer son nom de la liste. À qui le tour ? Dans le nouveau film du réalisateur du Grand soir, la septuagénaire jouée par l’ancienne star des Deschiens décide de se venger de toutes celles et ceux qui lui ont pourri son existence, et embarque dans cette folle virée en Citroën une femme de ménage (Laure Calamy) qu’elle convainc d’en faire de même.

Sur leur chemin, elles croisent la route d’une flopée des stars, parmi les plus bankables du cinéma français. Jonathan Cohen est un beau-fils cupide (et sous bracelet électronique). Corinne Masiero, une énervée du volant. Raphaël Quenard et Anna Mouglalis ? Deux flics un peu à l’ouest.

De son côté, Alison Wheeler a tout pour être la prochaine sur la liste d’Émilie. La directrice d’Ehpad qu’elle incarne n’a pas le moindre intérêt pour ses résidents, qu’elle traite ni plus ni moins comme des tirelires, quand elle ne les méprise pas de vive voix ou les écrase (littéralement) en s’asseyant sur leur lit. C’est absurde, et tordant.

Thelma et Louise, sans la violence

Une manière détonante pour Gustave Kervern d’aborder le sujet sensible de la crise dans les établissements pour personnes âgées, dont la désaffection du public, la hausse des charges et la baisse de la qualité d’accueil des résidents font polémique depuis plusieurs années, et notamment depuis la sortie, il y a deux ans, du livre choc de Victor Castanet (Les Fossoyeurs, Fayard). En mai dernier, la plainte de l’actrice Sandrine Bonnaire contre l’Ehpad où sa mère est morte avait également entraîné l’ouverture d’une enquête sur d’éventuels dysfonctionnements sur place.

Ce n’est pas tout. Satire de la « connerie humaine », dénonçant par là le fonctionnement de la justice, la pauvreté chez les seniors ou le sexisme, Je ne me laisserai plus faire ne délaisse jamais le ton de la comédie, sans pour autant manquer de sérieux ou de délicatesse, notamment sur d’autres sujets dramatiques.

« Ici, il s’agit d’une multitude de petits abus de pouvoir. Mais plus on progresse, plus on s’enfonce dans la gravité, raconte le réalisateur du téléfilm dans les notes de production. Tout le défi consistait à traiter avec de l’humour des thèmes aussi terribles que le viol et l’inceste. […] Je voulais que le film donne de l’espoir et qu’il embarque tout le monde dans la croisade des deux héroïnes. »

Contrairement à Thelma et Louise, Émilie et Lynda n’optent pas pour la violence. Aucune goutte de sang n’est versée. Dans ce « revenge movie », les mots frappent plus fort que les actes. Et ça n’empêche pas les proprios, les policiers ou tout autre détenteur – un jour – d’une forme de pouvoir, d’en prendre pour leur grade.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.