La famille de Werenoi met fin au débat sur la musique du rappeur, un mois après sa mort
MUSIQUE – Faut-il continuer (ou non) d’écouter la musique de Werenoi ? La famille a tranché. Ce jeudi 19 juin, le producteur du rappeur décédé subitement à l’âge de 31 ans dans le courant du mois de mai a publié un message sur les réseaux sociaux pour clore le débat, alors que certains fans appelaient au silence en respect avec sa foi musulmane.
« La League. En concertation avec sa famille, et dans le respect de son œuvre, toutes les créations musicales de Werenoi réalisées de son vivant continueront d’être disponibles », écrit Babs, patron de PLR Music que l’interprète de Tu connais avait rejoint en fin d’année 2021, sur X.
Avant d’ajouter : « Nous tenons à exprimer notre profond respect pour les convictions religieuses de chacun. Nous vous demandons également de respecter celles des autres, sans chercher à les imposer. C’est pourquoi nous laissons à chacun la liberté d’écouter — ou non — sa musique, en conscience et dans le respect mutuel. »
Depuis le décès de celui qu’on considérait comme le numéro un des ventes d’albums en France, de nombreux fans, y compris dans les rangs de son équipe, ont appelé à écouter le moins possible sa musique à l’avenir par respect pour sa foi. L’ensemble de ses clips vidéo ont dans la même veine été temporairement retirés de sa chaîne YouTube.
En cause, le fait que la musique serait de manière générale profane dans l’Islam, selon certains courants de pensée. Et donc, faire perdurer l’œuvre musicale d’un croyant après sa disparition pourrait entraver sa mémoire, alors même « que les sociétés musulmanes ont produit des pratiques musicales sophistiquées et raffinées » depuis toujours, explique à La Croix Luis Velasco-Pufleau, musicologue à l’université de Berne.
La musique dans le Coran
Aux origines de cette interprétation de l’Islam, le fait que « la musique paralyse et hypnotise temporairement nos esprits comme le font des narcotiques tels que l’alcool, l’opium, l’héroïne et la cocaïne », précise l’expert au quotidien, qui rappelle que le mot « musique » n’apparaît toutefois pas dans le Coran.
Ce n’est pas la première fois que le débat intervient dans l’espace public. En 2014, l’imam de la mosquée Sunna à Brest, Rachid Abou Houdeyfa, avait par exemple affirmé dans une vidéo que la musique faisait « naître le mal, l’hypocrisie, les choses mauvaises » et qu’elle allait « transformer les enfants en porcs ».
Des propos polémiques sortis de son contexte, selon le principal intéressé au micro de France Bleu un an plus tard, que le Conseil régional du culte musulman de Bretagne avait contredit dans la foulée, précisant que « l’islam n’a jamais interdit toutes les musiques ».