La réalisatrice du docu sur la Palestinienne Fatima Hassouna dévoile leurs derniers mots
CINÉMA – « Fatima voulait venir à Cannes. » Dans une interview accordée au Parisien, ce mercredi 15 mai, la cinéaste iranienne Sepideh Farsi livre les derniers échanges qu’elle a eus avec la photoreporter palestinienne Fatima Hassouna, tuée par une frappe israélienne au lendemain de l’annonce de la sélection au festival du documentaire dont elle fait l’objet.
« Je me disais que, peut-être, les associations humanitaires nous aideraient à la faire sortir. J’espérais un miracle, comme tous les jours depuis ma rencontre avec elle », raconte au quotidien la réalisatrice, dont le film Put Your Soul on Your Hand and Walk est projeté au Festival de Cannes dans la section parallèle de l’ACID, ce même mercredi.
Désireuse de raconter les massacres de l’intérieur, Sepideh Farsi est entrée en contact avec la journaliste il y a un peu plus d’un an, après avoir été refoulée de Gaza alors qu’elle filmait des réfugiés palestiniens dans la capitale égyptienne. Surnommée Fatem, Fatima Hassouna est ainsi devenue les « yeux » de la réalisatrice sur place. Et Sepideh Farsi, un lien vers le monde extérieur pour Fatima. Cette ligne de vie d’une durée de 200 jours est le sujet du film.
Fatima Hassouna, elle, n’en verra rien. À 25 ans, elle et dix membres de sa famille ont été tués dans une frappe israélienne sur leur maison dans le quartier d’Al-Tuffah, au nord de Gaza, le mercredi 16 avril. Une attaque que les forces de Tsahal déclarent avoir menée pour cibler « un membre du Hamas », et à propos de laquelle elles disent avoir « pris les précautions pour éviter des victimes civiles ».
« La veille de sa mort, Fatima m’a dit : “je suis sûre que cette guerre va finir un jour, rien n’est éternel”, se souvient la cinéaste, toujours au Parisien. Elle rêvait d’une vie normale, dans un endroit calme. Elle voulait voyager, aller au Vatican, découvrir Téhéran. Elle s’était fiancée en décembre et devait se marier. »
« Mon Gaza a besoin de moi »
Au fil du tournage, elle raconte avoir vu Fatima Hassouna commencer à manquer de tout, à avoir faim. « Elle était un peu comme une ombre d’elle-même, je la voyais glisser. C’était la nourriture, la fatigue, les bombes, les drones », raconte Sepideh Farsi au micro de France Inter. « Elle me disait : “aucun endroit n’est sûr à Gaza, de toute façon, et moi je ne peux pas quitter Gaza. Mon Gaza a besoin de moi” », continue-t-elle, cette fois à l’AFP.
À l’annonce de sa mort, le Festival de Cannes a partagé un communiqué évoquant la tristesse de ses organisateurs, selon lesquels la photoreporter fait partie « des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois ». Tandis que plusieurs centaines de stars du cinéma réunies par Libération dans une tribune ont appelé à un éveil collectif « tandis qu’un génocide est en cours à Gaza », Juliette Binoche a pour sa part prononcé quelques mots en mémoire de Fatima Hassouna lors de la cérémonie d’ouverture mardi.
Ce jeudi, un nouvel hommage doit lui être rendu lors de la première de Put Your Soul on Your Hand and Walk, un titre (qu’on pourrait traduire en français par « mets ton cœur sur ta main et marche ») donné en référence à une phrase que la défunte a un jour prononcée à Sepideh Farsi. La sortie du film – le treizième pour la cinéaste contestataire dans son pays – est annoncée au 25 septembre dans les salles françaises.
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