La série-docu Netflix sur Raël rappelle les graves dérives de la secte et de son gourou
STREAMING – La secte fondée par Raël a « fêté » ses 50 ans en décembre dernier. Netflix met en ligne, ce 7 février une série documentaire dédiée à l’homme et au mouvement sectaire Raël : le Prophète des Extraterrestres. Anciens et actuels Raëliens, mais aussi Claude Vorilhon le « prophète » lui-même que Netflix a retrouvé au Japon, retracent l’histoire du mouvement.
Un document sensationnel -interdit aux moins de 16 ans- qui montre qu’au-delà du « folklore », il ne faut pas oublier les graves dérives dont le mouvement raëlien s’est rendu coupable.
Ils se font (très) discrets aujourd’hui. Pourtant, il y a plusieurs décennies, les Raëliens étaient sur le devant de la scène. En 1973, Claude Vorilhon, ancien chanteur devenu journaliste automobile fait « une rencontre ». Il affirme avoir échangé avec un extra-terrestre qui l’aurait renommé Raël – Le Messager, et lui aurait demandé de transmettre un message aux Terriens. Raël développe alors une doctrine, notamment par le biais de l’ouvrage Le Livre qui dit la vérité et commence à « transmettre la parole ».
Les Elohims, peuple extra-terrestre bienveillant, auraient créé l’humanité et tenteraient de l’empêcher de s’autodétruire. Pour ce faire, Raël prétend que le clonage est la solution ultime. Le mouvement raëlien prône plusieurs doctrines : la libération sexuelle et la méditation sensuelle d’une part, une démocratie sélective basée sur le QI « la géniocratie », et le « paradisme » économique. Depuis 1995 en France, elle est considérée comme une secte pour ses dérives dangereuses.
Les Anges de Raël
L’une des plus évidentes est la mise en place d’un système de domination sexuelle : les « Anges » de Raël. Des femmes au physique flatteur doivent d’après, le livre, servir « leurs Créateurs et de leur Prophète » entre autres avec leur corps. Raël se veut l’unique prophète et représentant des Elohims et donc, les « Anges » sont à son seul service.
Parmi ces femmes choisies pour leur physique, certaines sont distinguées par un « cordon doré » un « grade » qui implique la signature d’un contrat acceptant notamment d’avoir des relations sexuelles avec Raël. Les plumes roses (un autre grade) acceptent pour leur part de n’avoir des relations qu’entre elles et avec Raël, d’après le livre Raël, journal d’une infiltrée de Brigitte McCann qui témoigne dans la série docu de Netflix.
Le documentaire Les femmes de Raël, réalisé par Éryka Reyburn et diffusé à la télévision canadienne en janvier dernier revient sur le système d’emprise totale mis en place par le gourou. Plusieurs témoignages font état d’une misogynie exacerbée mais aussi des encouragements à la stérilisation. L’adultère à outrance y est conseillé, pour « travailler » sur la notion de jalousie.
Dans le documentaire, on aperçoit aussi des images de Sophie, mariée par sa mère à Raël à l’âge de 16 ans, alors qu’il en avait 46, et à qui il a été demandé de poser nue dans Playboy.
Quand Raël justifie les violences sexuelles sur mineurs
Autre « dérive » qu’aborde la série documentaire, les accusations de pédophilie et d’encouragements à l’inceste. C’est l’occasion de redécouvrir une archive de l’émission Ciel mon Mardi diffusée dans laquelle Christophe Dechavanne interroge Claude Vorilhon sur des témoignages relatant des faits assimilables à des violences sexuelles incestueuses. Faits que Raël ne nie pas, et même, valide sur le plateau de TF1.
Des violences attestées puisque plusieurs procès ont eu lieu par la suite, condamnant des Raëliens pour des violences sexuelles sur mineurs. En guise d’argument, Raël avance dans son « message » que l’éducation sexuelle au plaisir des enfants est de la responsabilité des parents et des adultes en général. Certains stages de méditation sensuelle organisés par la secte impliqueraient par exemple des mineurs. Une pratique qui existe encore aujourd’hui dans certains pays où les Raëliens sont implantés.
Le clonage humain tenté par Clonaid
Enfin, le documentaire aborde l’un des aspects les plus obscurs du mouvement Raëlien : celui du clonage humain, au cœur de la doctrine prêchée par Raël. C’est avec la chercheuse Brigitte Boisselier que ce dernier tente d’être le premier à cloner un être humain. Allant monter un laboratoire de pointe aux États-Unis, les recherches de Clonaid attirent rapidement l’attention. Notamment celle du Sénat où Raël et Brigitte Boisselier sont même invités à témoigner.
La série documentaire revient sur le mystère de la naissance d’Eve, supposé premier bébé cloné dont personne n’a jamais eu la moindre preuve de vie, l’euphorie suscitée dans la communauté, mais aussi le backlash médiatique subi par la chercheuse, et l’escroquerie largement dénoncée.
La série documentaire de Netflix balaye donc en quatre épisodes le parcours de l’homme, la mégalomanie criante, l’emprise psychologique mais aussi financière et parfois physique, l’isolement des membres, les ambitions scientifiques démesurées, les dérives, mais aussi l’héritage d’un mouvement qui perdure encore notamment au Japon où vit Raël et en Côte d’Ivoire.
« Tout est prévu pour que le mouvement ne s’arrête pas quand je disparaîtrai » explique Raël aujourd’hui âgé de 77 ans, face caméra. Mais après visionnage de cette série-documentaire, on se permet d’espérer malgré tout que cette prophétie, non plus, ne se réalise pas.
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