La série « Nudes » montre toutes les facettes des violences sexuelles en ligne
ADOS – Trois histoires, trois types de violences sexuelles en ligne. La série française Nudes, diffusée à partir de ce jeudi 1er février sur Prime Video, s’attaque à un sujet qui touche de près les adolescents : la diffusion de photos dénudées de soi-même ou d’une partie intime de son corps – de l’anglicisme « nude ». Adoptant le point de vue de jeunes appartenant à la « Gen Z », la série montre trois exemples éloquents des risques que cette pratique peut représenter.
Chaque saison est incarnée par un personnage. La première est placée sous le regard de Victor, étudiant en médecine brillant et président du BDE (Bureau des étudiants), qui va diffuser des images sans avoir conscience des risques qu’il fait encourir à sa victime. La seconde raconte l’histoire d’Ada, jeune fille de 13 ans qui vit à la campagne et va faire un mauvais « match » – avec un pédocriminel – sur une appli de rencontres. Et la troisième celle de Sofia, 16 ans, filmée à son insu alors qu’elle a un rapport avec une fille de son âge, la problématique de l’homophobie s’ajoutant à celle du « revenge porn ». La série révèle cependant une constante : les victimes sont avant tout des femmes.
Et ce sont d’ailleurs trois femmes – Sylvie Verheyde, Lucie Borleteau et Andréa Bescond – qui ont réalisé ces trois saisons. Une plongée dans un univers adolescent à la croisée de l’enfance et des débuts des expériences amoureuses et sexuelles. L’omniprésence des smartphones et des réseaux sociaux – et donc la possibilité d’être filmé en permanence – est frappante. Et avec elle le risque d’être confronté à des violences en ligne.
74,5 % des 13-25 ans ont déjà envoyé un « nude »
Sans jugement et sans volonté de moralisation, la série s’attaque à un sujet qui touche de plus en plus d’adolescents, pour qui les « nudes » sont tout à fait intégrés à la sexualité. En effet, 74,5 % des jeunes de 13 à 25 ans en ont déjà envoyé un « nude » et leur appréciation de cette pratique est majoritairement positive, surtout chez les garçons. Cependant, il est rare que le transfert de ces photos à d’autres personnes que leur destinataire initial soit désiré par les personnes concernées. 89 % d’entre elles n’avaient pas consenti au partage de leur intimité.
Ce partage non désiré – passible, même si la victime a consenti à la captation de ces contenus, de deux ans de prison et 60 000 euros d’amende – peut être à l’origine d’un phénomène de cyberharcèlement, qui fait de nombreuses victimes, majoritairement avant l’âge de 21 ans. La série le montre bien : le dépôt de plainte n’est pas évident ni facile, à l’humiliation du dévoilement ou de la publication d’un « nude » sans consentement s’ajoutant en général la honte. Malgré cela, les jeunes victimes ne sollicitent que rarement l’aide d’un adulte. Elles sont encore moins nombreuses à solliciter les forces de l’ordre.
La série est diffusée en amont de la 21e édition de la journée mondiale pour un « Internet plus sûr » (le « Safer internet day »), le 6 février, rendez-vous annuel de sensibilisation aux usages du numérique.
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