La vitre protégeant « L’Origine du monde » taguée au centre Pompidou de Metz
FAIT DIVERS – Un nouvel incident au musée. Dans l’après-midi de ce lundi 6 mai, la très célèbre huile sur toile L’Origine du monde, du peintre et sculpteur français Gustave Courbet, a été taguée à la peinture au Centre Pompidou de Metz. L’œuvre n’a toutefois pas été touchée directement, car elle était « protégée par une vitre », a précisé à l’AFP la direction du musée.
Les visiteurs de la galerie 2 du musée ont été évacués peu après l’incident. La police est rapidement arrivée sur place pour procéder à des analyses.
Dans un premier temps, des personnes présentes sur place ont confié au journal local Le Républicain Lorrain que « deux jeunes filles du mouvement #MeToo auraient tagué l’œuvre avant de se faire arrêter par la sécurité ». Il s’est finalement avéré qu’une performeuse franco-luxembourgeoise, Deborah de Robertis, avait orchestré cette action.
Une artiste connue pour ses performances provocatrices
Celle-ci a expliqué, par la voix d’une avocate des parties prenantes à l’action, s’inscrire dans un « mouvement mondial » de « jeunes femmes artistes de tous les domaines », dans le cadre d’une action baptisée « On ne sépare pas la femme de l’artiste ». « Ce qui était permis autrefois, maintenant les jeunes gens n’en veulent plus », a-t-elle poursuivi. « Deborah de Robertis est une grande artiste qui nous interroge, nous interpelle, nous dérange », a poursuivi cette avocate.
Comme vous pouvez le voir ci-dessous, une performance de Deborah de Robertis, baptisée « Miroir de l’Origine du monde » est par ailleurs exposée à proximité de « L’Origine du monde » dans le cadre de l’exposition du Centre Pompidou-Metz dédiée au psychanalyste Jacques Lacan. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, une performance réalisée le 29 mai 2014 au musée d’Orsay.
Deborah de Robertis a été condamnée par le passé, en août 2020, par la justice française à 2 000 euros d’amende pour s’être montrée nue en 2018 à l’occasion de l’une de ses prestations devant la grotte du sanctuaire de Lourdes. Elle a aussi été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 après avoir montré son sexe au musée du Louvre devant la Joconde, à Paris.
Ce lundi, deux jeunes femmes, nées en 1986 et 1993 et sans antécédents judiciaires, ont été placées en garde à vue en début d’après-midi, a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Metz, Yves Badorc. Une troisième personne est pour sa part soupçonnée du vol d’une oeuvre, selon Yves Badorc, le procureur de la République de Metz. L’oeuvre volée, une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, est baptisée Je pense donc je suce. Sollicitée sur ce point par l’AFP, Déborah de Robertis a confirmé un « geste de réappropriation ».
Rachida Dati s’agace
Le fait de s’en prendre à des œuvres d’art dans des musées dans une volontée de revendication ou de cri d’alerte est de plus en plus répandu. Pas plus tard que ce samedi, des militants du collectif Riposte alimentaire (anciennement Dernière rénovation), qui défend une alimentation durable pour tous, ont été interpellés après avoir jeté de la poudre orange dans la galerie des glaces du Château de Versailles. Et ces dernières années, les cas du même genre sont légion : La jeune fille à la perle de Vermeer à La Haye, La naissance de Vénus de Botticelli à Florence, Les Tournesols de Van Gogh à Londres…
L’Origine du monde est habituellement exposée au Musée d’Orsay, mais l’institution a prêté cette œuvre au Centre Pompidou de Metz à l’occasion de l’exposition « Lacan, quand l’artiste rencontre la psychanalyse », dédiée au psychanalyste Jacques Lacan, mort en 1981. Ce dernier avait acheté l’œuvre en 1955, avec son épouse, l’actrice Sylvia Bataille pour l’installer dans leur maison de campagne à Guitrancourt dans les Yvelines.
Dans un message où elle témoignait son « total soutien » aux musées et à leurs équipes victimes de ce genre d’action, la ministre de la Culture Rachida Dati s’est par ailleurs agacée contre les dégradations de ce lundi. « Aux “activistes” qui pensent que l’art ne serait pas assez puissant pour porter un message par lui-même, il faut le redire : une œuvre n’est pas une pancarte qu’on pourrait colorier avec le message du jour », écrit-elle sur X.
Pour sa part, le maire LR de Metz, François Grosdidier, s’est dit « indigné et choqué » par la tentative de dégradation du tableau de Courbet, évoquant un « acte criminel contre une œuvre majeure de notre patrimoine par des militantes se revendiquant du mouvement #MeToo ». Il a ajouté : « Je condamne avec la plus grande vigueur ce nouvel attentat contre la culture, produit cette fois par des fanatiques féministes », espérant que « les auteurs de cet acte seront sévèrement condamnés ».
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