L’actrice Lea Massari, « la plus française des vedettes italiennes », est morte
CULTURE – L’actrice italienne Lea Massari, connue notamment pour ses rôles dans le film culte L’avventura, de Michelangelo Antonioni, ou encore Le souffle au cœur de Louis Malle, est décédée à 91 ans, a annoncé ce mercredi 25 juin un membre du gouvernement italien.
Selon le quotidien romain Il Messaggero, l’actrice, dont les dernières apparitions au grand écran remontent au siècle dernier, est décédée lundi à Rome et son enterrement a eu lieu mardi à Sutri, une localité située au nord de la capitale italienne. La secrétaire d’État à la Culture Lucia Borgonzoni a salué « une actrice au magnétisme irrésistible et au talent fulgurant ».
L’Italienne, au générique de nombreux films connus des années 1960 et 1970, a tourné autant dans son pays natal qu’en France. À l’aise dans le registre dramatique, elle a été dirigée par des réalisateurs de premier plan, de Sergio Leone à Claude Sautet, de Francesco Rosi à l’Espagnol Carlos Saura.
Le souffle au cœur, histoire d’une relation incestueuse
Actrice au jeu expressif et nuancé, elle a tourné avec des acteurs comme Yves Montand, Jean-Paul Belmondo, Gian Maria Volonté, Mel Ferrer et Anthony Perkins, acceptant aisément des seconds rôles si le projet lui semblait de qualité.
Anna Maria Massatani, de son vrai nom, née le 30 juin 1933 à Rome, avait rencontré le succès en 1960 avec L’Avventura (au côté de Monica Vitti), qui raconte en partie la recherche d’une jeune femme ayant disparu avant son mariage et qui impose une vision novatrice de l’art cinématographique. Un an plus tard, elle joue dans le célèbre péplum de Sergio Leone, Le colosse de Rhodes, et Une vie difficile de Dino Risi.
On la voit en France en 1964 dans L’insoumis d’Alain Cavalier, avec Alain Delon qu’elle retrouvera dans un film italien de Valerio Zurlini, Le Professeur, en 1972. Mais c’est en 1971, dans Le souffle au cœur de Louis Malle, pour son rôle de mère ayant des relations incestueuses avec son fils, qu’elle fait le plus parler d’elle.
« La plus française des vedettes italiennes »
Souvent qualifiée d’« actrice la plus française des vedettes italiennes », Lea Massari devient alors très sollicitée et les films à succès s’enchaînent : Les Choses de la vie de Claude Sautet, La Course du lièvre à travers les champs de René Clément, Le silencieux de Claude Pinoteau, Le fils de Pierre Granier-Deferre, Allonsanfan des frères Taviani, Peur sur la ville d’Henri Verneuil, ou encore Le Christ s’est arrêté à Eboli de Francesco Rosi.
« Belle, simple, pudique, Léa Massari a souvent joué au cinéma la femme qui se sent de trop. C’est ainsi qu’elle disparaît peu après le début de L’avventura d’Antonioni pour ne plus jamais revenir ou qu’elle subit de plein fouet son inceste filial dans Le souffle au cœur de Malle. Disparaître en laissant une trace », a réagi auprès de l’AFP Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes.