Le vrai héros de cette série sur Karl Lagerfeld n’est pas celui auquel on pense
SÉRIES TÉLÉ – Après Cristóbal Balenciaga et Christian Dior, voici venu le tour de Karl Lagerfeld d’arriver sur nos écrans. Le couturier allemand et ex-directeur des collections de Chanel décédé en 2019 fait l’objet d’une série, Becoming Karl Lagerfeld, à découvrir sur Disney +, à partir de ce vendredi 7 juin.
Les six épisodes nous plongent au tournant des années 1970, période à laquelle le styliste n’a pas encore son catogan, ni même ses lunettes noires. Incarné par Daniel Brühl (Kingsman, Inglourious Basterds), Karl Lagerfeld a 38 ans, vit toujours avec sa mère, mais révolutionne déjà l’industrie de la mode grâce à son approche du prêt-à-porter chez Chloé.
Le jeune créateur est un bourreau de travail et ne manque pas d’ambition : il rêve de conquérir l’industrie du luxe. Face à lui, des adversaires de taille, comme Yves Saint Laurent (Arnaud Valois), son partenaire Pierre Bergé (Alex Lutz) et leurs acolytes du gratin parisien, dont Loulou de La Falaise et Paloma Picasso.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce :
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Un homme va piquer sa curiosité et lui dérober son cœur, à tout jamais. C’est Jacques de Bascher. Dans la série d’Isaure Pisani-Ferry et Jennifer Have adaptée du best-seller de Raphaëlle Bacqué, le dandy au style impeccable joué par Théodore Pellerin est séducteur, drôle, arrogant et énigmatique.
Jacques de Bascher, la vraie vedette
Il occupe l’écran et l’esprit du héros, à qui il vole la vedette. En cause notamment, sa liaison avec le grand rival et ex-ami de Karl Lagerfeld, Yves Saint Laurent. En 1973, le génie de la mode, disparu en 2008, est tombé sous le charme de Jacques de Bascher, pourtant en couple avec le créateur allemand qui ferme les yeux.
Sa liaison avec Jacques arrive aux oreilles de Pierre Bergé, inquiet de l’attitude irraisonnée de son partenaire. Il ne dessine plus, il ne crée plus rien. La maison YSL file droit dans le mur. Pierre Bergé menace Jacques, qui met un terme à son histoire avec Yves. S’ensuit pour ce dernier une véritable descente aux enfers.
La personnalité flamboyante de Jacques de Bascher, son rôle de muse pour Karl Lagerfeld et son emprise sur Yves Saint Laurent a beaucoup été documentée. Bien que teintée d’humour, elle est, ici, fidèle à la description qu’en fait la journaliste Marie Ottavi dans sa biographie parue aux éditions Plon. « Pour Jacques, le grand moteur, c’est la séduction. Ce qui saute aux yeux, c’est le désir qu’il éveille », y lit-on.
Né en 1951 au Vietnam avant d’arriver à l’âge de 4 ans à Neuilly-sur-Seine, Jacques de Bascher est issu d’une famille catholique bourgeoise, dont il va se séparer, trop attiré par les nuits parisiennes. C’est dans ce contexte qu’il fait la rencontre de Karl Lagerfeld à l’âge de 21 ans. Pour lui, la vie est une fête, où drogue et alcool lui deviennent vite indispensables.
Jacques de Bascher et Karl Lagerfeld
Mondain et prétendu écrivain, Jacques n’a pas un sou en poche. C’est Karl qui lui paye tout, dont un appartement rue du Dragon, près de Saint-Germain-des-Prés. Petit, mais « abondamment décoré », comme le montre la série. « Une immense toile de style pompier, représentant des gladiateurs forcément à moitié nus, domine la pièce principale », écrit Marie Ottavi.
Lui et Karl n’y dorment jamais ensemble. Au cours de leurs 18 ans de relation, les deux hommes ont été unis par d’autres liens que ceux qui définissent la plupart des couples : « pas de sexe, pas de morale, pas d’exclusivité », continue la journaliste dans son livre. Il aurait joué pour le « Kaiser » un rôle de vigies, lui racontant ce qui se passe au théâtre, dans la rue ou les boîtes de nuit.
Becoming Karl Lagerfeld n’élude rien des nombreuses vies de Jacques de Bascher, et certainement pas sa sexualité débridée dans un contexte de criminalisation des rapports homosexuels. « La libération sexuelle était un mot d’ordre. Militer ou faire la fête, il a choisi, poursuit Marie Ottavi. Boire, baiser, danser, c’est sa forme privilégiée de protestation. »
Car ce que montre aussi la série, c’est l’engagement (parfois controversé) d’un jeune homme gay face au conformisme, dans la France d’après mai 68. Et même si la production Disney+ se garde certainement de le raconter aussi vaniteux et exécrable que les témoignages sur lui ne le disent, elle contribue un peu plus à l’histoire de cette légende de la jet-set, disparue précocement des suites du sida, en 1989.
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