Culture

L’histoire de la BO d’« Amélie Poulain » est moins fabuleuse que celle de son héroïne

CINÉMA – Plonger sa main au plus profond d’un sac de grains, briser la croûte des crèmes brûlées à la petite cuillère et faire des ricochets sur le canal Saint-Martin… Depuis 2001, Amélie cultive les petits plaisirs. Et ce mercredi 24 juillet, elle revient en témoigner à l’occasion de la ressortie en salles du classique du cinéma français de Jean-Pierre Jeunet.

Comme Intouchables, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, carton en France et dans le monde au début des années 2000, profite des Jeux olympiques et des millions de visiteurs étrangers dans la capitale pour faire un retour sur nos écrans, les patrons d’UGC voyant en lui le film « emblématique de la culture française à l’étranger ».

Du béret que porte son héroïne, au foie gras (caché dans les légumes de Lucien), en passant par une toile de Renoir, le métro parisien, Montmartre et ses cafés : le conte pour adultes sur cette jeune femme rêveuse de 23 ans distille sa palette de stéréotypes en images et dans nos oreilles.

Le million d’exemplaires écoulés

Les airs d’accordéon entendus dans le film y sont pour quelque chose. La chanson de Fréhel (Si tu n’étais pas là) de 1934, aussi. Cette « french touch » est le fruit d’une bande originale signée Yann Tiersen, indissociable du succès du long-métrage de Jean-Pierre Jeunet qui a réuni plus de 12,5 millions de spectateurs.

La Valse d’Amélie, Comptine d’un autre été, Le moulin… La seule écoute des premières notes de chaque morceau évoque aussitôt Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Y compris pour ceux qui, comme J’y suis jamais allé, À quai ou Le banquet, proviennent de précédents disques du compositeur français. En effet, seule une petite poignée de titres ont été exclusivement conçus pour le film.

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Si le terme de bande « originale » semble inadapté, cela n’a pas empêché les ventes du disque, en 2006, de dépasser le chiffre symbolique du million d’exemplaires écoulés, lui permettant de rentrer dans le cercle privilégié des dix albums de films les plus vendus en France.

Yann Tiersen prend ses distances

Cela n’a pas non plus empêché Yann Tiersen de décrocher de belles récompenses, comme aux César et aux Victoires de la musique, en 2002. Un pari réussi pour Jean-Pierre Jeunet, qui doit sa découverte de l’œuvre du compositeur breton à la cassette d’une stagiaire du film écoutée lors d’un trajet en voiture, peut-on lire dans un ancien article du webzine Écran noir.

L’anecdote pourrait faire sourire si Yann Tiersen n’avait pas complètement détesté travailler avec le cinéaste. « Pour moi, la composition musicale n’a rien de très sérieux. C’est très organique et instinctif, et ça ne peut pas coller à une bande originale pour laquelle le réalisateur me demande des choses comme ’J’aimerais que la musique soit orange’, et d’autres trucs stupides comme ça. Ça me rend fou », a-t-il déclaré dans les colonnes de The Independent, en 2019.

L’utilisation (consentie) de plusieurs des morceaux de son catalogue a provoqué chez lui un sentiment « bizarre » au visionnage de la comédie. « L’accordéon a pour moi quelque chose de celtique, et n’a rien à voir avec le film, continue-t-il dans son entretien avec le quotidien britannique. Pendant un certain temps après je n’en ai plus joué du tout, parce que ça me dégoûtait. »

« On vient m’écouter pour ce que je suis »

Aujourd’hui, Yann Tiersen le martèle encore : si on lui demandait de le refaire, il dirait « non ». « Je suis souvent associé à Montmartre et c’est pourtant ce qu’il y a de plus opposé avec tout ce que je peux être », a-t-il précisé au micro de Philippe Vandel sur franceinfo, en 2016. Avant d’ajouter : « Je n’aime pas être lié à ce folklore. »

Âgé d’une cinquantaine d’années, l’artiste tente toujours de s’émanciper de la case dans laquelle on l’a mis. Du moins, en France. « Aux États-Unis, en Angleterre ou en Australie, les gens viennent m’écouter pour ce que je suis : un musicien », souffle-t-il à Télérama, en 2020.

Installé sur l’île d’Ouessant, il n’a rien perdu de son goût pour le rock ou les musiques électroniques. Kerber, son dernier disque composé d’une dizaine de titres au piano, est sorti en 2023. Après quelques dates en Bretagne au mois de septembre prochain, il est attendu cet automne pour une longue série de concerts à travers l’Espagne. S’il ferme la porte à toute possibilité d’une valse, son horizon musical, lui, prend le large.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.