Culture

Malgré ses efforts, l’Eurovision n’a pas réussi à rester apolitique

CULTURE – La Suisse a remporté l’Eurovision 2024. Ironique, alors que le concours de chant européen qui se déroulait à Malmö en Suède, a fait face ce samedi 11 mai à l’édition la plus politique de son histoire, dans le contexte des guerres entre Israël et le Hamas et l’Ukraine et la Russie.

Eden Golan, représentante d’Israël, a été huée sur scène lors de sa chanson non seulement durant les qualifications, mais aussi pendant la finale de ce samedi. Son titre avait déjà été épuré de toutes les références à la guerre et renommée, Hurricane au lieu de October Rain car considéré comme faisant allusion à l’attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Quelques heures plus tard, la représentante du jury israélien a aussi été accueillie par de copieux « bouh » de la part du public de Malmö au moment d’annoncer les points accordés à ses candidats préférés. Spécialiste dans l’art de l’évitement, la présentatrice n’a pas relevé et continué comme si de rien n’était.

Pas de signe propalestiniens sur scène

Difficile de ne pas voir de politique à l’annonce des votes du public venus après ceux du jury : 338 points pour Israël, 307 pour l’Ukraine, soit parmi les deux plus gros scores de la soirée. Le premier termine finalement à la 5e place de la compétition avec 375 points, le second 3e avec 453 points.

Même la France n’est pas restée neutre. Slimane, qui a terminé à la 4e place, n’a pas manqué de faire référence à la guerre pendant le décompte des points du jury professionnel. « Quand j’étais jeune, je chantais pour l’amour, la paix. Et je fais encore ça aujourd’hui, je suis fier », a-t-il confié, répétant ce qu’il avait dit en répétition un peu plus tôt : « Nous avons besoin d’être unis par la musique, oui, mais aussi par l’amour et la paix. Merci beaucoup. Merci l’Europe ! »

Les organisateurs de l’événement, qui revendiquent un concours apolitique, ont pourtant tout fait pour éviter que le contexte international tendu domine le show. L’Union européenne de radio-télévision (UER) a par exemple interdit les drapeaux et tous les autres symboles palestiniens dans la salle.

Nemo appelle à la paix

La chanteuse irlandaise Bambie Thug, elle a ainsi dû de retirer les messages « cessez-le-feu » et « liberté pour la Palestine » de sa tenue. En revanche, d’autres participants avaient choisi de ne pas respecter cette règle : le chanteur suédois Eric Saade, ancien participant du concours, portait un keffieh autour du bras lors de la première demi-finale.

Même le gagnant de l’édition, Nemo, n’a pas pu s’empêcher de faire une référence au contexte très tendu dans lequel s’est déroulé le concours. « J’espère que cette compétition pourra continuer à encourager la paix et la dignité pour chacun », a déclaré l’artiste après sa victoire.

À l’extérieur de la Malmö Arena, les manifestants contre la présence d’Israël se sont aussi exprimés. Après des défilés vendredi et samedi, plusieurs dizaines de militants pro-palestiniens dont la Suédoise Greta Thunderberg ont exprimé leur désaccord. Elle a été interpellée par la police.

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