Mélissa Da Costa nous explique pourquoi son nouveau roman sur le couple est « tout sauf gentillet »
LIVRE – C’est l’une des stars de la rentrée littéraire. Mélissa Da Costa a publié ce mercredi 14 août son huitième roman, Tenir Debout, aux éditions Albin Michel. L’autrice la plus lue de France en 2023 (devant Guillaume Musso) qui cumule plus de 3 millions d’exemplaires avec ses sept précédents livres, aborde cette sortie en toute détente. Cette fiction dramatique sur le couple et le handicap risque pourtant de surprendre, si ce n’est secouer, ses lecteurs.
Tenir Debout est un roman à deux voix. Il suit François, un acteur de théâtre à succès dans la quarantaine, et Éléonore sa timide compagne quinze ans plus jeune. Après un accident dramatique, leurs destins communs et individuels, basculent du jour au lendemain. Chapitre après chapitre, ils vont sombrer, se déchirer et lutter, pour tenter de continuer à s’aimer.
Sans rien révéler de l’intrigue du roman, on peut malgré tout vous donner un conseil : le lire avec une boîte de mouchoirs à proximité n’est pas superflu. Car avec ce livre, Mélissa Da Costa assume, comme elle le confie au HuffPost, de bousculer ses lecteurs.
Le HuffPost. Tenir Debout nous plonge immédiatement ou presque, en enfer. Le faire ainsi, sans préambule, n’est-ce pas un peu violent pour vos lecteurs ?
Mélissa Da Costa. Honnêtement, je ne savais pas où je les emmenais. Je pensais écrire un drame. Je voulais décortiquer le couple dans tout ce qu’il a de plus dur, de plus toxique, de plus moche parfois. Je voulais aussi aller sur la thématique du handicap, mais sans concession, sans filtre, dans le vrai et ne pas épargner le lecteur. Parce que j’aime ça, j’aime lire ça. Je n’aime pas les trucs édulcorés, très lisses, avec de beaux sentiments, un petit peu exagérés.
On me dit souvent que je fais du feel-good, du gentillet. Mais non, c’est tout sauf gentillet. Je lis beaucoup de « noir » et c’est ce vers quoi j’ai envie d’aller. Peut-être que je n’osais pas au début et que c’est pour ça que mes premiers romans étaient plus doux. Il faut oser aussi aller dans le cru comme ça, sans tabou. Mais maintenant ça y est, je m’affirme. Je pense qu’il y a aussi une question d’âge, de maturité, et je ne m’interdis plus rien.
Et vous n’avez pas justement peur de les bousculer ?
C’est vrai que maintenant, il y a une vraie attente de leur part. Et je trouve ça génial. Mais après, quand j’écris, je ne me demande pas ce qu’ils veulent lire, parce que je ferais fausse route et je tomberais dans une espèce de recette toute faite, un petit peu commerciale.
Pour moi c’est grisant de savoir qu’ils sont là, qu’ils attendent, mais il y a comme un pacte implicite entre eux et moi. Depuis, La Doublure (publié en 2022), où je les ai déroutés en changeant complètement de genre, la confiance s’est créée. Quand j’ai publié la quatrième et la couverture de Tenir Debout qui étaient assez dark, beaucoup m’ont dit « Oh ça a l’air sombre et torturé, mais peu importe, on ne sait pas où vous nous emmenez mais on y va, on vous fait confiance ». Et j’adore ça.
« Mon prochain roman est déjà écrit. On change de pays et de culture. »
Quand on est l’autrice la plus lue de France, y a-t-il une pression supplémentaire au moment de sortir un nouveau roman ?
Non, pas spécialement, parce que je ne suis pas d’un naturel à me mettre la pression. Je suis plutôt quelqu’un de cool dans la vie, dans le lâcher prise. Peu importe, tout ça ce sont des statistiques, des chiffres. Si je ne suis pas à la première place, ce sera la troisième, la quatrième, la dixième. Plutôt que me focaliser sur des chiffres de vente, ce que je cherche c’est de continuer à grandir dans mon écriture et de proposer des choses différentes, d’oser changer de registre. Et surtout de m’amuser, moi, avec ma plume. Et évidemment, d’essayer d’embarquer les lecteurs avec moi.
Et où allez-vous les embarquer ensuite, ces lecteurs qui vous suivent partout ?
Le prochain roman est déjà écrit. Puisque j’ai toujours une petite année ou deux d’avance. Dans La Doublure, on était dans un courant artistique particulier. Dans le prochain, je retournerai dans un autre courant artistique que je décortique, et il y a, en plus, un voyage géographique à la clé. On change de pays et de culture. Je suis en train de réfléchir au suivant, je suis en plein dedans. Ce sera encore un autre univers, encore un autre registre. Je m’amuse encore. Le jeu c’est de prendre les lecteurs, mais aussi de m’emmener moi vers là où je ne serai pas allée. Où ? On verra.
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.