Culture

Même la tapisserie de Bayeux va être bloquée par la grève du 18 septembre

CULTURE – Les grévistes ont réussi là où les spécialistes de l’art ont échoué. Après des semaines de polémiques, le transfert de la tapisserie de Bayeux souhaité par Emmanuel Macron et critiqué par de nombreux détracteurs était prévu le jeudi 18 septembre. Le temps de rénover le musée normand où elle est exposée, l’œuvre du XIe siècle doit être déplacée dans un lieu tenu secret avant d’être prêtée au British Museum de Londres.

Mais ce transfert tant décrié qui devait se tenir jeudi n’aura pas lieu tout de suite, et ce n’est pas la pétition à plus de 70 000 signataires s’opposant au projet qui a pesé dans la balance. L’Élysée a indiqué ce mercredi à l’AFP que le déplacement de la tapisserie est reporté à cause de l’important mouvement social qui va secouer l’Hexagone.

« En raison de la mobilisation attendue la journée de demain dans le département du Calvados, le préfet ne s’estime pas en mesure d’assurer la sécurité d’un transfert aussi médiatique et […] d’une œuvre aussi coûteuse », a déclaré Philippe Bélaval, chargé par l’Élysée du prêt de cette œuvre de 70 mètres au British Museum. L’information a été confirmée à l’AFP par la préfecture ce mercredi.

Un transfert seulement reporté pour « quelques jours »

« Compte tenu de la journée nationale d’action prévue le 18 et du précédent de celle du 10 septembre qui, dans notre département, a nécessité un fort engagement des forces de l’ordre, l’opération de transfert […] est reportée de quelques jours », explique la préfecture du Calvados dans un communiqué transmis à l’AFP.

Les grévistes n’offrent donc qu’un sursis à ceux qui s’opposent au déplacement de la tapisserie, lequel devrait bel et bien avoir lieu. En juillet, Emmanuel Macron avait annoncé le prêt de cette œuvre historique au Royaume-Uni pour « revivifier la relation culturelle » entre Paris et Londres. Un arbitrage diplomatique qui va contre les mises en garde d’experts et d’institutions sur la grande fragilité de la tapisserie.

Depuis 2020, ses dégradations (plus de 24 000 taches, près de 9 650 trous et 30 déchirures) ont été minutieusement radiographiées par des rapports d’experts. Certains ont alerté sur les « risques supplémentaires » que ferait courir un transport « au-delà d’une heure de trajet ». En 2021, la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie avait, elle, assuré que « l’œuvre n’était pas transportable avant d’être restaurée ». De son côté, Philippe Bélaval maintient que l’œuvre « n’est pas intransportable ».