Culture

Non, Anna Wintour ne rend pas tout à fait sa couronne à la tête de « Vogue »

MÉDIAS – La papesse de la mode dépose sa tiare pontificale. Enfin, presque. Ce jeudi 26 juin, l’annonce du départ d’Anna Wintour de la tête de la rédaction en chef du plus célèbre des magazines de mode, Vogue, après 37 ans de bons et loyaux services a créé la surprise, mais cette secousse dans la presse mérite nuances.

Anna Wintour ne rend pas tout à fait la couronne : elle reste, d’une part, directrice éditoriale des éditions internationales de Vogue, faisant d’elle la première interlocutrice de son successeur (dont on ignore encore le nom). De l’autre, elle est toujours directrice de la rédaction du groupe Condé Nast, maison mère d’une flopée d’autres titres, comme GQ, Vanity Fair, AD et Glamour.

Dans un édito publié sur le site de Vogue US, ce même jeudi, la responsable des communications du mensuel Cydney Gasthalter estime que le nouveau poste de sa boss devrait lui octroyer « plus de temps et de flexibilité pour soutenir les autres marchés mondiaux desservis par Condé Nast ».

Un point de vue partagé par la principale intéressée, qui y voit une manière de renouer avec son « plus grand plaisir » : « aider la nouvelle génération de rédacteurs passionnés à envahir le terrain avec leurs idées, soutenues par une vision nouvelle et passionnante de ce que peut être une grande entreprise de médias », a-t-elle déclaré à ses employés mercredi.

La femme de 75 ans au carré si reconnaissable est arrivée dans la maison au tournant des années 1980, époque au cours de laquelle elle a été nommée directrice de la création, avant d’en devenir la rédactrice en chef en 1988. « J’avais hâte de prouver à tous ceux qui pouvaient m’entendre qu’il existait une façon nouvelle et passionnante d’imaginer un magazine de mode américain », se souvient-elle.

Met gala, Vogue World, tennis…

Figure de la pop culture, comme en témoignent ses représentations dans le monde du divertissement (Le diable s’habille en Prada, Les Simpson), elle s’est vite imposée dans l’industrie de la mode, qu’elle a secouée dès sa première couverture pour Vogue, en 1988, même si le manque d’égard vis-à-vis des journalistes et artistes noirs dans les pages du magazine l’a placé sur la sellette au moment du Black Lives Matter.

Saluée pour les liens qu’elle a noués entre la mode et les célébrités, Anna Wintour va continuer d’accorder « une grande attention » à son Met gala, le plus mondain des dîners caritatifs, a-t-elle assuré. À ses équipes, elle a aussi précisé vouloir garder un œil sur le futur de Vogue World, gigantesque défilé de mode annuel, dont la dernière édition s’est tenue à Paris.

Quid des défilés ? Sera-t-elle toujours aussi présente au premier rang de chaque Fashion Week ? Mystère. En revanche, une chose est sûre. « Il va sans dire, a-t-elle conclu devant ses employés, que j’ai l’intention de rester rédactrice en chef des pages tennis et théâtre chez Vogue à perpétuité. »