On a lu le premier roman de Raphaël Quenard, et vous pouvez vraiment vous en passer
LIVRE – Si Raphaël Quenard peut s’enorgueillir de compter parmi ses trophées un précieux César, pour le Goncourt, on reviendra. Ce mercredi 14 mai, l’acteur fétiche du cinéma français saute dans un autre camp : la littérature, avec la publication aux éditions Flammarion de Clamser à Tataouine, un premier roman peu convaincant.
Son histoire, c’est celle d’un homme, un révolté dont on ne connaît ni l’âge ni le nom. Rien, à part ses origines iséroises, comme son auteur. Mais contrairement à la star de Yannick et Chien de la casse, notre héros vit loin du star-system. Faute d’avoir essayé, il n’a jamais réussi à s’intégrer à la société, qu’il tient responsable de sa marginalité.
Après une tentative de suicide ratée, il semble bien décidé à se venger. Son plan : tuer un représentant de chacune des couches sociales. Ce sera des femmes, uniquement des femmes. Non pas par virilisme, dit-il, mais parce qu’il préfère porter ses « derniers coups d’éclat » sur celles qui auront toujours eu sa préférence.
Parmi elles, une ingénieure, une femme de footballeur, une caissière, mais aussi une SDF. Pour l’une, c’est un coup de couteau dans le dos. Pour une autre, la séquestration suivie d’une immolation. Si les limites du gore sont vite dépassées, les détails de ces féminicides sont, eux, tous plus abominables les uns que les autres.
Un récit faussement série B à l’esprit farceur déconcertant, alors qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, 48 femmes ont été tuées en raison de leur genre depuis le mois de janvier 2025. « La moralité n’a pas de place dans l’art, estime Raphaël Quenard, interrogé sur France Inter. Si on commence à décrire des personnages sans faille ni zone d’ombre, on risque de s’ennuyer. »
Le ticket d’or pour Tataouine
Écrire sur un monstre peut s’avérer très barbant, aussi. Clamser à Tataouine est un livre prévisible, plombé par le trop-plein de métaphores et de blagues ratées, que le ton cynique et provocateur n’aide pas. Le fond, non plus. C’est une lecture assez banale de la marginalité vue sous le prisme de la folie et de l’isolement.
Quel sens donner à ça ? Si l’auteur y voit « un voyage entre les classes sociales », celui-ci distille ici et là des réflexions sur les violences de classe, le capitalisme, notre approche à la mort ou à la raison, citant en guise d’ouverture, puis de chute Blaise Pascal. L’incarnation d’un paradoxe, alimenté par l’absurdité du récit et de sa promo.
Au mois de mars, le roman a été annoncé par son éditeur sous pseudonyme (Pierrot Tchitch), mais accompagné d’une photo de Raphaël Quenard. Sur France Inter, l’acteur plaide le coup de com raté et rebondit sur une autre pitrerie. Il veut offrir un ticket d’or à l’un de ses lecteurs pour lui faire découvrir Tataouine. Pas la ville du sud-est de la Tunisie, mais son Tataouine à lui, « imaginaire » et « paradisiaque ». Ce sera sans nous, on passe notre tour.
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