On a vu le nouveau Spike Lee à Cannes et on n’a rien de bien à dire sur ce film
FESTIVAL DE CANNES – On a connu des téléfilms du dimanche soir plus réussis. Highest 2 Lowest, présenté hors compétition au 78e Festival de Cannes était projeté le lundi 19 mai. Pensé comme un remake à la new-yorkaise du film Entre le ciel et l’enfer, le long-métrage du réalisateur de BlacKkKlansman ne nous a pas du tout convaincus. Mais alors pas du tout.
Le film d’action marque deux retours : celui de Spike Lee sur grand écran – le réalisateur de 68 ans n’avait rien sorti au cinéma depuis 2018 – et celui de sa collaboration avec Denzel Washington, pour un cinquième film. C’est aussi le premier grand rôle du rappeur A$AP Rocky au cinéma. Mais que ses fans soient prévenus, il n’apparaît qu’au bout d’une heure trente de film.
Highest 2 Lowest est donc une revisite du film culte d’Akira Kurosawa sorti en 1963. Il raconte l’histoire de David King, magnat de la musique qui vit dans son penthouse avec sa sublime femme et son fils, jusqu’au jour où ce dernier est enlevé. Le kidnappeur demande une rançon de 17,5 millions de dollars. Sauf qu’il s’est trompé et a kidnappé le fils de son chauffeur et ami Paul (Jeffrey Wright) à la place. Le roi de la musique doit décider s’il est prêt à payer la rançon, ce qui mettrait fin à son business plan.
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Les trois premiers quarts du film ont tout d’un téléfilm : son fils lui reproche de ne pas être assez présent et sa femme de trop travailler. Malgré ses millions en banque et son diamant à l’oreille, David King jure à qui veut l’entendre que sa passion pour la musique vaut plus que l’argent. On a même droit à un monologue mielleux sur les dangers de l’IA pour l’art, et l’importance des valeurs et de la passion.
La télénovela façon Spike Lee
Alors qu’il est face à « un dilemme de vie ou de mort » comme le promettait le synopsis, David King semble soudain accorder beaucoup plus d’importance à l’argent. Tourmenté, il implore les photos de James Brown ou encore Aretha Franklin dans son bureau avant de fondre en larmes. Nous aussi on pleure, mais de rire.
Pour un film dont le personnage principal est censé avoir « la meilleure oreille » au monde, la musique est bien mal choisie. La bande-son est tout droit sortie d’une télénovela, à grand renfort de violons et de ballades mélancoliques au piano. Rien n’est réaliste, ni bien joué. Mention spéciale pour l’équipe d’enquêteurs spécialisés incapables de tracer un appel ou d’arrêter quelqu’un en course-poursuite.
La déception Highest 2 Lowest
On s’attendait à de l’action après avoir vu la bande-annonce, niet. La seule chose qui nous a fait vibrer dans ce film, c’est lorsque les basses ont retenti très fort dans la salle avec le morceau composé par A$AP Rocky. Highest 2 Lowest trouve un maigre sursaut sur la fin, dans une séquence façon Bonnie and Clyde où l’on entend Payback de James Brown.
Mais ça s’arrête là. Car évidemment, comme tout bon téléfilm, Highest 2 Lowest retombe dans le convenu pour s’achever avec une petite « morale » pour le jeune délinquant et le héros.
La seule chose à sauver dans les choix de Spike Lee, c’est le sublime appartement de David King et sa femme. Un penthouse à Brooklyn avec vue sur la skyline de Manhattan, dont les murs sont recouverts de tableaux contemporains rendant hommage aux grands noms Afro-Américains. Quitte à y passer 2h13, on aurait préféré aller au musée.
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