Culture

On vous présente Theodora, la pop star de chez nous que vous allez voir partout en festival

MUSIQUE – Adoubée par Juliette Armanet, Pierre de Maere et Lous & the Yakuza, les humoristes Camille Lorente et Tahnee, ou de grandes maisons de mode comme Jacquemus et Acné, le nom de Theodora est sur toutes les lèvres. Elle est la tête d’affiche, ce vendredi 18 avril, du Printemps de Bourges, premier d’une longue liste de festivals où vous pourrez la croiser cette année.

We Love Green, Les Eurockéennes, mais aussi Dour en Belgique, puis les Vieilles Charrues, le Sziget en Hongrie ou encore Golden Coast près de Dijon, premier et unique évènement d’ampleur dédié au rap français… La liste est longue pour celle qui, grâce à sa première mixtape (Bad Boy Lovestory) parue à l’automne dernier, culmine déjà plus de 2 millions d’auditeurs chaque mois sur Spotify.

De son vrai nom Lili-Théodora, celle qui s’autosurnomme la « Boss Lady » a seulement 21 ans, mais derrière elle, une poignée de tubes, dont le plus connu d’entre eux Kongolese sous BBL, premier titre bouyon (un genre musical originaire des Antilles, mélange de musiques traditionnelles et modernes) certifié single d’or en France.

Une récompense symbolique : la pop star dit vouloir créer des ponts entre les différentes cultures afrodescendantes et ses influences occidentales. Née en 2003 en Suisse, la jeune femme se définit elle-même comme le « produit même de la mixité », pour reprendre ses mots à l’antenne de France Inter, en juillet 2024.

La Seine-Saint-Denis, son paradis

Originaire d’une famille d’immigrés congolais, Theodora a passé son enfance entre la Grèce, le Congo et la Réunion, avant d’arriver dans l’Hexagone du côté de Grolay et de Rennes, puis d’enfin poser ses valises en Seine-Saint-Denis, son département de cœur. À 19 ans, elle lui dédie un single accrocheur : Le Paradis se trouve dans le 93.

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« Le but de ce titre est d’aller à l’encontre des clichés, quitte à abuser parfois. On le sait, le paradis, ce n’est pas exactement ça. Mais aujourd’hui, c’est le mien. Unité, brassage multiculturel… Il y a de tout dans le 93 », a-t-elle martelé, toujours au micro de la radio la plus écoutée de France.

Depuis, son univers s’est déployé. Son langage musical, aussi. Adepte de l’hyperpop, ce genre à cheval entre l’EDM et la pop qu’on retrouve notamment à l’étranger chez Charli XCX et Arca ou en France avec Oklou, Theodora excelle aussi dans le rap (Big Boss Lady), le rock (Mon casque), le zouk (#Il) et les balades (Ils me rient au nez, Blues d’hiver).

Ses textes portés par une voix tantôt suave tantôt enfantine abordent, eux, avec une fausse insouciance des sujets sérieux, comme la santé mentale, les violences sexuelles ou les tentatives de suicide. Ils parlent d’elle, de son quotidien de femme noire, de ses histoires de cœur ou de sa bisexualité. « Pas besoin d’annonce », livre-t-elle à ce sujet au magazine têtu.

La « Billie Eilish » française

Son credo ? L’hyperféminité, dont elle maîtrise les codes jusqu’au bout des ongles, comme en témoigne la décapotable rose dans laquelle elle est arrivée à un défilé Jacquemus. Son pseudonyme, lui, est une référence évidente à l’impératrice et courtisane byzantine du même nom connue, pour sa grande sensualité.

Elle dézingue les stéréotypes jusque sur ses dents parées de grillz – ces prothèses bling-bling en métal précieux portées habituellement par les rappeurs – ou via la pochette ci-dessous d’un de ses tubes. Exit la bimbo qui s’assagit en découvrant un livre sur sa route. La jeune femme renverse, ici, le caractère sexiste du mème.

« J’ai l’impression que c’était moi. J’étais en prépa pour le concours d’entrée à l’ENS. J’ai dit “fuck off”, j’ai lâché mon bouquin. J’ai attrapé un micro, et je suis devenue une boss lady », a-t-elle confié au micro de NRJ, en décembre dernier. Avant d’ajouter : « Il n’y a pas de message qui outrepasse quoi que ce soit. Peut-être que demain j’aurai un bouquin entre les mains. Qui sait. »

Aujourd’hui et comme depuis ses débuts, elle œuvre en musique aux côtés de son frère, le dénommé Jeez Suave. Lui à l’instru, elle au chant. Comme Finneas O’Connell et sa sœur cadette, Billie Eilish ? « Ouais exactement, s’en amuse Theodora chez France Inter. On vit en collocation, on a commencé notre vie à deux dans la maison de nos parents. C’est vraiment un truc très fusionnel. »

Theodora en politique ?

C’est elle – en revanche – qui prend toute la lumière. Que ce soit dans les pages du très réputé magazine de musique américain The Fader, ou dans les cérémonies de remise de prix. Nommée dans quatre catégories aux Flammes 2024, Theodora voit les choses en grand et raconte dans la presse vouloir être « une superstar », « une nana des tapis rouges ».

Si la politique l’a un temps attirée, elle n’a toutefois jamais mis de côté l’héritage que lui a laissé son grand-père, « un opposant bourré de convictions », souffle-t-elle dans une interview pour Numéro. Elle était de celles et ceux qui, pendant l’entre-deux-tours du dernier scrutin législatif, sont montés sur la scène d’un rassemblement contre l’extrême droite sur la place de la République, à Paris.

« Ma communauté est très éclectique et ouverte, à l’image de ma musique, déclare-t-elle, toujours à têtu. Je suis très contente qu’il n’y ait pas de fachos dans mes concerts. Je ne pense pas que Marine Le Pen danse sur Kongolese sous BBL. » Même si ce ne sera probablement pas le cas de l’ancienne présidente du Rassemblement national, les quelque dizaines de milliers de personnes attendues à Bourges et dans le reste de sa tournée estivale pourront, eux, s’en donner à cœur joie.

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