Culture

Ovationné à Cannes, ce film sur le pouvoir des femmes iraniennes est désormais au cinéma

CINÉMA – « Femme, vie, liberté. » Depuis mercredi 18 septembre, le mouvement de soutien au peuple iranien résonner haut et fort dans les salles de cinéma avec la sortie des Graines du figuier sauvage, dernier long-métrage du cinéaste iranien en fuite Mohammad Rasoulof, récompensé d’un prix spécial du jury lors du dernier Festival de Cannes.

L’histoire de ce film tourné clandestinement nous emmène à Téhéran, au cœur d’une famille de classe moyenne, dont le patriarche (Missagh Zareh) vient d’être nommé « enquêteur ». Si aux yeux de ses deux filles (Mahsa Rostami et Setareh Maleki), c’est un fonctionnaire comme un autre, dans la réalité ce nouveau poste l’intègre aux rouages de la justice répressive de l’État.

Alors que le mouvement de protestation éclate dans le pays contre l’actuel régime autoritaire en place, sa hiérarchie lui confie une arme à feu pour qu’il se protège. Rangée soigneusement dans le tiroir de sa table de chevet, elle disparaît un beau jour.

Impossible. Qui a bien pu la voler ? C’est forcément l’une de ses filles. Et très certainement la plus grande. Sa nouvelle meilleure amie (Niousha Akhshi) a été aperçue dans l’une des manifestations. Et s’il s’agissait en réalité de sa propre épouse, jouée par l’actrice Soheila Golestani ? Malgré leurs vingt ans de vie commune, le mari est en proie au doute. Et très vite, il sombre dans la paranoïa.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

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Comme ceux de beaucoup d’autres alliés du régime, son nom et son adresse ont fuité sur les réseaux sociaux. On veut sa peau. Il en est certain et embarque alors femme et enfants en route vers leur vieille maison de campagne. Ce sera plus « safe ». Vraiment ?

Un thriller social

Au programme du road trip familial improvisé : course-poursuite en voiture, séquestration et chasse à l’homme. Les deux jeunes femmes et leur mère – pourtant loin d’être une révolutionnaire – s’unissent dans ce qui est en train de devenir un étonnant thriller, fait de ressorts aussi déconcertants qu’amusants.

Standing ovation de plusieurs minutes, applaudissements et cris du cœur… À l’issue de la projection cannoise où nous étions en mai dernier, Mohammad Rasoulof et une partie de l’équipe (qui a pu monter les marches) ont reçu un accueil hors du commun. On comprend pourquoi. Le nouveau film du réalisateur d’Au Revoir prône haut et fort le pouvoir et la résilience des femmes iraniennes dans le mouvement actuel de dénonciation du régime et de l’oppression.

Derrière le pitch décrit un peu plus haut, se trame un film social bouleversant qui, à grand renfort de vidéos amateurs (souvent sanglantes) filmées pendant les émeutes de 2022, nous empêche de détourner le regard sur la situation en Iran. Le spectateur revit l’actualité, et notamment la disparition de Mahsa Amini, cette étudiante d’origine kurde arrêtée quelques jours avant sa mort parce qu’on lui reprochait d’avoir mal ajusté son voile.

Mohammad Rasoulof à Cannes

Condamné à la veille du Festival de Cannes à cinq ans de prison pour « collusion contre la sécurité nationale », Mohammad Rasoulof a bien failli ne pas être présent sur la Croisette pour se voir remettre sa récompense des mains du jury présidé par Greta Gerwig.

Après avoir longtemps fait partie de ces artistes iraniens déterminés à rester sur place, le cinéaste a dû se résoudre à l’exil après l’annonce de sa nouvelle condamnation. Au mois de mai, il a pris la fuite sans son passeport, confisqué par les autorités en 2017. Passé par l’Allemagne (où, comme lui, ses actrices se sont exilées après le tournage du film), il était finalement arrivé à temps pour la projection de son film au Palais des festivals.

Une arrivée marquante, ponctuée par un discours fort dans lequel il disait espérer « que tout l’appareil de l’oppression et de la dictature finira par disparaître en Iran ». Son film Les Graines du figuier sauvage, lui, ne va pas s’effacer de nos mémoires. Il donne à son combat un nouvel écho bien au-delà des frontières de son pays.

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