Pour le Hellfest, Gojira nous donne ses recommandations quand on n’y connaît rien au métal
MUSIQUE – Les Sex Pistols, Linkin Park, mais aussi Last Train ou les Mexicaines de The Warning… Alors que Beyoncé s’apprête à donner le premier de ses trois concerts au Stade de France, le plus grand des festivals de metal, le Hellfest, s’ouvre pour sa part, ce jeudi 19 juin, en présence d’une flopée des noms les plus réputés du genre.
Près de 200 artistes ont rendez-vous ces quatre prochains jours sur les six scènes de Clisson, ce petit village au sud-est de Nantes qui accueille chaque année à cette période 240 000 « headbangers ». Vous n’en faites pas partie, mais êtes somme tout intrigués par ce style musical dont vous ne connaissez finalement que peu de choses, si ce n’est beaucoup de clichés ?
Nous non plus jusqu’à un récent coup de fil il y a quelques mois avec Mario Duplantier, véritable star dont vous avez forcément entendu parler après la prestation de son groupe Gojira, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, et leur nomination aux Grammy Awards. Il nous a glissés quelques recommandations.
Le HuffPost : Par où faut-il commencer quand on veut découvrir le métal ?
Mario Duplantier : Je dirais que la porte d’entrée idéale, c’est Metallica. Pantera, aussi. Mais Pantera, c’était un peu les « rednecks » du Texas au niveau de leurs idées. Par contre, ce sont des génies musicaux absolus. C’est le groove, c’est le riffing. Le batteur est incroyable. Sinon, vous pouvez écouter Sepultura et leur album Chaos AD. Roots, sur lequel figure Roots Bloody Roots, une très bonne façon aussi d’aborder ce style de musique.
En matière de néo metal, je vous conseille par ailleurs Deftones. Ce sont des textes hypermétaphoriques et très, très émotionnels, qui parlent des relations amoureuses avec beaucoup de mélancolie et de colère. C’est une musique vachement sophistiquée avec de la dissonance, mais aussi de l’harmonie. C’est un de mes groupes préférés, parce qu’ils ont ce côté émo qui est en rupture avec certains groupes plus machos. Je ne vais pas vous mentir, Metallica ou Slayer, c’est assez masculin. Deftones, c’est clairement une sensibilité féminine. Donc les mecs comme moi très sensibles, ça nous parle.
Quid de Knocked Loose, qui était notamment nommé face à vous lors des derniers Grammy Awards ?
Eux, c’est vraiment le symbole de la nouvelle génération de groupe avec un son nucléaire. C’est hyperviolent, mais en même temps complètement hallucinant, divers et groovy, intense et sombre. Un truc émotionnel fort.
Parlez-nous de vous. Quels sont vos groupes préférés ?
J’écoute beaucoup Morbid Angel et Death, deux références plus extrêmes. Mais chez Gojira, on n’écoute pas que ça. On a vraiment grandi avec Metallica, et même Nirvana ou Pearl Jam. On était fan de la scène grunge plus jeune. Pour le côté un peu plus dur, il y avait Megadeth aussi. C’était beaucoup de groupes américains.
Parmi ces Américains, je crois que vous avez beaucoup été marqués par Korn, non ?
C’étaient des gens très émotionnels, à l’image du chanteur victime de violences familiales dans son enfance. Là où ils ont été précurseurs, c’est qu’ils l’ont mis en musique. Dans ses paroles, Jonathan Davis parlait de sa souffrance d’adolescent et décrivait les scènes de violences. Dans certaines de ses chansons, on l’entend pleurer. C’est l’adolescent en lui qui a besoin de sortir. Toute une génération de fans s’est sentie touchée par cet aspect-là.
Le metal est un genre très varié, et compte aussi ce qu’on appelle des groupes satanistes. C’est un « no-go » ou vous nous en conseilleriez quand même ?
Bien sûr. Death, par exemple, est précurseur du death metal (sous-genre musical extrême du heavy metal, ndlr). Le groupe a été fondé par Chuck Schuldiner, un homme extrêmement sensible. Il parlait de choses plutôt symboliques, comme le non-dit. C’était très psychologique. Il disait, par exemple, que le mal se situait en réalité dans les « tours de cristal », une référence directe à Manhattan. Pour lui donc, le vrai mal se nichait dans l’ultra capitalisme.
Présent en 2022 et 2019 au Hellfest, Gojira ne sera pas de la partie cette année. En revanche, les festivaliers pourront retrouver (outre les noms cités en tête d’article) plusieurs groupes très attendus, comme Korn, Muse, Scorpions, ou encore The Hu et Savatage. D’autres noms suscitent toutefois des réactions plus mitigées depuis qu’ils ont été annoncés au line-up. C’est notamment le cas de Bård Eithun, batteur norvégien de Blood Fire Death condamné en 1994 à quatorze ans de prison pour le meurtre d’un homosexuel, et de l’Américain Ronnie Radke, connu pour ses sallies homophobes et transphobes sur les réseaux sociaux.