Rachida Dati a visiblement oublié ces enquêtes de « Mediapart » sur elle, pas eux
MÉDIAS – Rappelée par la patrouille. Le mercredi 18 juin, la ministre de la Culture était invitée sur le plateau de C à vous, et s’en est prise à Patrick Cohen. En évoquant une enquête de Mediapart visant ce dernier et mettant en avant sa lutte « personnelle contre le harcèlement », Rachida Dati a visiblement omis qu’elle avait elle-même été visée par plusieurs articles du même média. Ce que n’ont pas oublié en revanche nos confrères du site d’investigation.
Peu après la diffusion de la séquence sur France 5, le journaliste David Perrotin a publié sur son compte X un message : « C’est ballot, en attaquant Patrick Cohen, Rachida Dati a oublié de mentionner ce que Mediapart avait écrit sur elle », accompagné de captures d’écran d’articles.
Dans une enquête publiée en décembre 2024 notamment, le même journaliste revenait en effet sur les méthodes de Rachida Dati vis-à-vis des journalistes. Il y évoquait le paradoxe de son attitude publique qui l’a par exemple conduite en octobre à évoquer l’importance de l’indépendance de la presse au Sénat, alors qu’en réalité la ministre userait d’intimidation et de menaces régulièrement à l’encontre des journalistes, mettant en cause leur déontologie et celle de leurs publications.
Elle tenterait par ailleurs d’empêcher la publication d’enquêtes la concernant en contactant directement actionnaires et dirigeants, n’hésitant pas à user d’insultes et de menaces.
Les enquêtes sur Rachida Dati
L’enquête évoquée par Patrick Cohen dans l’émission du 18 juin a été publiée par Le Nouvel Obs avec Complément d’enquête. Elle avance que Rachida Dati aurait perçu 299 000 euros d’« honoraires » non déclarés de GDF Suez en 2010-2011 alors qu’elle était eurodéputée et avocate. Des faits justifiés par la ministre qui avance sur France 5 que tout a été « scanné » et que « cela a été déclaré et validé ».
Si elle est la plus récente, elle n’est cependant pas la seule dont la ministre a fait l’objet au fil des années. Et David Perrotin n’a pas manqué de le rappeler sur X. Dans sa série de post, le journaliste évoque par exemple celle de novembre 2022 concernant les liens de Rachida Dati avec un lobbyiste mis en examen dans le cadre des « barbouzeries du PSG ».
Des enquêtes menées par Mediapart mais aussi de nombreux autres journaux. Libération avait par exemple révélé les contrats de Rachida Dati avec Orange, mais aussi l’affaire des bijoux non déclarés de la ministre. BFMTV avait diffusé une enquête documentaire décryptant toutes ses « affaires ».
L’altercation qui s’est déroulée le mercredi 18 juin s’est faite cette fois-ci devant les caméras. Interrogée par Patrick Cohen, la ministre s’est emportée et a évoqué un article de Mediapart le concernant publié en début d’année.
Le clash sur le plateau de C à vous
« Est-ce que c’est vrai Monsieur Cohen ? Est-ce que vous harcelez vos collaborateurs ? Est-ce que vous êtes désagréables avec les gens avec lesquels vous travaillez ? C’est affirmé dans une enquête Mediapart. On vous accuse de harcèlement Monsieur Cohen, est-ce que c’est vrai ? Est-ce que vous pouvez me répondre ? » assène la ministre avant de pointer du doigt ensuite le caractère des accusations. « Le harcèlement est un délit Monsieur Cohen (…) J’aurai beaucoup de peine pour vos collaborateurs qui ont été harcelés. J’en ai fait une politique pénale la lutte contre le harcèlement. »
Rachida Dati a ensuite ciblé Anne-Élisabeth Lemoine la présentatrice de C à vous qui intervenait pour tempérer ses propos : « De la même manière, on a dit à ’C à vous’ que l’ambiance est épouvantable, que vous pleurez toute la journée. Et que tout le monde est mis en cause. Est-ce que c’est vrai ? Ça m’intéresse moi ! ».
Sur le plateau de C à vous, Rachida Dati a conclu sa diatribe par une menace ouverte – « Vous pourriez aussi tomber sous le coup de ce délit. Il suffirait que je fasse un article 40 pour dénoncer suite à cet article de Mediapart, je peux saisir le tribunal ». Suite à la diffusion de cette séquence, de nombreuses personnalités politiques ont réagi en comparant cette attaque à du « trumpisme » d’après le sénateur socialiste Rémi Féraud. France Télévisions et Radio France ont apporté leur soutien à Patrick Cohen et à l’équipe de C à vous dans un communiqué qui précise « Les mises en causes personnelles contre les journalistes ne sont pas acceptables. »