Ramzy révèle avoir mis sur pause son prochain film, car son « sujet est trop tendu en ce moment »
CINÉMA – Si on est plus habitué à le voir devant que derrière la caméra, l’humoriste et comédien Ramzy Bedia prépare depuis plusieurs années un film intitulé Le Jour où tous les Arabes seront partis. Dès 2023, la moitié du duo Eric & Ramzy expliquait à Télérama que le film était déjà écrit, mais qu’il avait « un peu peur de le tourner, qu’il soit mal compris en cette période si tendue ». « Je crains de recevoir des… tirs des balcons », glissait même l’humoriste.
Près de trois ans après ce triste constat, les nouvelles ne sont pas franchement encourageantes pour son projet de long-métrage. Au détour d’une interview dans les colonnes du Parisien ce mardi 23 septembre pour la sortie du film Classe moyenne, Ramzy a accepté de revenir sur les coulisses de ce projet, désormais « en stand-by » de son propre aveu.
Une pause forcée pour les mêmes raisons que trois ans en arrière. « Le sujet est trop tendu en ce moment. Je n’ai pas envie de faire un film qui serait mal compris », admet-il. « Quand j’étais petit, le racisme, c’était le bon vieux Front national avec ses colleurs d’affiches qui nous couraient derrière pour nous frapper et avec Jean-Marie Le Pen qui avait un truc de pirate sur l’œil. Cette extrême droite, assez caricaturale, grotesque, a été facile à pointer. On la voyait de loin », développe-t-il.
Les rares éléments existants au sujet du second long-métrage (en solo) de Ramzy sont tout aussi caricaturaux et ont de quoi provoquer quelques réactions épidermiques tout à droite du spectre politique. Auprès de Télérama, il résumait le film comme une « comédie pour voir si les problèmes de logement, de chômage, de délocalisation et de prix de l’électricité subsistent si on part ». En même temps, tout est dans le titre : Le Jour où tous les Arabes seront partis.
« Je préférais le racisme d’avant »
Un projet provocateur de la part de l’artiste d’origine algérienne, qu’il a désormais beaucoup de mal à imaginer dans un contexte où « l’extrême droite est beaucoup plus diffuse ». Il ajoute qu’aujourd’hui, l’extrême droite « s’est libérée et normalisée ». Au point que « sur certaines chaînes de télé, il suffit de quatre secondes pour que ça retombe sur nous ». Peu enthousiaste après ce constat, il remarque aussi qu’ailleurs, l’herbe n’est pas franchement plus verte. « On est entourés par Trump, Bolsonaro, Milei, Meloni… Je préférais le racisme d’avant », ose même lâcher l’humoriste.
Si l’époque contraint son projet de comédie grinçante à vieillir dans un placard en attendant des jours meilleurs, il reste optimiste, estimant que les humoristes ont leur rôle à jouer dans un tel contexte, en faisant un « travail de fond et de talent ». Autrement dit, « il faut continuer à montrer qu’il y a plusieurs France. L’extrême droite va se planter : la haine et l’exclusion de l’autre, ça ne peut jamais être un bon choix ».
Dans l’attente des nouvelles de son deuxième film après l’échec cuisant de Hibou en 2016, Ramzy va revenir à ses premiers amours en reformant son duo avec Éric Judor pour lancer « incessamment » une chaîne Youtube. Et pour le coup, Ramzy assure avoir déjà « filmé plein de sketchs et d’émissions ». Nous voilà rassurés.


