Culture

Sansal n’estime pas que son emprisonnement était lié à ses « écrits »

Une intervention télévisée très attendue après une longue détention. Pour la première fois depuis sa libération le 12 novembre et son retour en France mardi, Boualem Sansal a pris la parole ce dimanche 23 novembre au journal de 20 Heures de France 2. Dans cette interview enregistrée avec Laurent Delahousse, l’écrivain franco-algérien est revenu sur les raisons qui ont conduit à son incarcération.

L’homme de 81 ans a été détenu pendant un an, avant d’être gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Interrogé sur le point de savoir s’il a été « victime de [ses] prises de position » ou de « [ses] écrits », Boualem Sansal a répondu par la négative, estimant visiblement qu’ils ne sont pas la raison du traitement que lui ont réservé les autorités algériennes.

« Mes livres sont disponibles en Algérie », a-t-il souligné, reconnaissant que « certains » d’entre eux ont été « interdits pendant un certain temps ». L’écrivain explique son incarcération par un « mélange de beaucoup de choses », mentionnant en pêle-mêle l’« ultranationalisme » du pouvoir algérien, ou encore le fait qu’il s’est « allé en Israël » par le passé.

Sansal évoque la « guerre déclarée » entre Alger et Paris

Boualem Sansal a aussi affirmé que les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie expliquaient en grande partie son arrestation et sa détention. Il a notamment évoqué la « guerre déclarée » entre les deux pays, « suite aux déclarations de Macron qui reconnaissait formellement la marocanité du Sahara ».

L’écrivain semble ici faire référence au soutien apporté par le président français à l’été 2024 au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, auquel l’Algérie est opposée. Quand Laurent Delahousse lui demande si sa parole est toujours « contrainte » ou « bridée », Boualem Sansal affirme que c’est bien le cas. « Là je contrôle chacun de mes mots », a-t-il confié, comme vous pouvez le voir dans l’extrait ci-dessous.

« Je ne vous parle pas de manière naturelle, parce que naturellement, je suis plutôt exubérant, là je contrôle chacun de mes mots », a souligné l’écrivain, expliquant avoir en tête les tensions diplomatiques persistantes entre Paris et Alger, mais aussi le sort des « dizaines de détenus politiques », dont le journaliste Christophe Gleizes.

Cette interview sur France 2 n’était pas la dernière qu’accordera Boualem Sansal. Un entretien réalisé avec Benjamin Duhamel et Florence Paracuellos sera diffusé lundi à 8h20 dans « La Grande Matinale » de France Inter.