Si vous grincez des dents devant l’humour « à l’ancienne » de cette rom-com, c’est normal
CINÉMA – On les savait amis, les voilà désormais amants. Ce mercredi 23 avril, les humoristes Laura Felpin et Hakim Jemili, devenus deux des figures montantes du cinéma français, partagent l’affiche de L’Amour, c’est surcoté, nouvelle comédie romantique adaptée du livre du même nom de Mourad Winter publié en 2021, qui a connu un beau succès en librairies.
Quatre ans (et 22 000 exemplaires) plus tard, l’histoire n’a pas changé. Anis, un mec complètement nul avec les filles, croise Madeleine à la sortie d’une boîte de nuit. Celle qui tient le vestiaire – une clope dans la main, un bouquin sur l’affaire du petit Grégory dans l’autre – ne décroche pas un sourire, mais finit par lui lâcher son numéro.
Ou presque : les huit premiers chiffres. « Tu trouves les deux derniers, et tu m’appelles », lui lance la jeune femme. « Ça fait 99 options, c’est beaucoup », répond le garçon. « Avec zéro zéro, ça fait cent », surenchérit Madeleine, en lui soufflant sa fumée sur le visage. C’est une vraie bad ass. Lui, carrément moins.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce :
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Le jeune homme, qui ne s’est jamais remis du suicide d’un de ses meilleurs amis il y a trois ans, affronte la vie à grands coups de mensonges tous plus délirants les uns que les autres, et avec un humour pansement pour cacher son traumatisme. Ça ne trompe personne, et certainement pas Madeleine. Elle a vu clair dans son jeu.
Si ce film – le premier pour Mourad Winter derrière la caméra – souffle un vent de fraîcheur dans le domaine des rom-coms françaises grâce à l’inversion des stéréotypes du genre ou son message de fond sur la santé mentale masculine, L’Amour, c’est surcoté tire sur de grosses ficelles et manque de crédibilité.
Anis, un personnage clivant
Le film risque néanmoins de procurer quelques frissons à ses spectateurs, les mêmes qu’ont eus les lecteurs du livre en tournant les pages. La cause ? Des dialogues embarrassants. Blagues racistes au volant de la voiture, d’un côté. Des commentaires à connotation transphobes au beau milieu d’une fête et des vannes douteuses sur les juifs, de l’autre.
Oui, il y a de quoi grincer des dents. « Je n’ai pas fait semblant », ironise le réalisateur dans les notes de production. Rien de tout ça n’est gratuit. Cet humour est « le reflet d’une construction à l’ancienne, d’une grande partie de ces générations qui nous ont éduquées, qui ne sont pas forcément mauvaises, mais font juste ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles sont », explique-t-il.
Avant de poursuivre au sujet d’Anis : « J’avais envie d’un personnage clivant, mais à la fois marrant et touchant. Ce qu’il exprime, c’est sa façon de penser, faite de ses expériences et de ses certitudes. » De ses préjugés, aussi. C’est « un peu un zinzin », raconte à son tour Laura Felpin au micro de France Inter, en ce mois d’avril.
« L’arroseur arrosé », selon Mourad Winter
Madeleine voit bien son côté « malaisant », « qu’il dit n’importe quoi, mais elle ne le dégage pas pour ça ». Un contrepied intéressant de notre consommation « hyperrapide » des gens dans « cette société capitaliste », selon elle. « Quand on regarde ce film, ajoute-t-elle dans une interview à la Fnac, on est comme dans un groupe WhatsApp dans lequel on ne voudrait jamais qu’on sache qu’on a dit ça. »
De son côté, l’humour noir (et raciste) du meilleur pote gênant d’Anis (interprété par l’humoriste Benjamin Tranié) est fait avec « beaucoup de tendresse », d’après elle. « Il faut être solide pour oser le faire, mais c’est toujours placé au bon endroit. Je trouve qu’il y a une certaine condescendance à croire qu’il n’y a pas d’humour dans ces questionnements-là. »
Mourad Winter ne veut blesser personne. On suit son héros devenir quelqu’un, apprendre sur lui et les autres, sans se rendre compte qu’il était jusque-là à la ramasse par rapport à tout le monde. « C’est l’arroseur arrosé », souffle le réalisateur, dont l’unique but reste de faire rire sur ce mec en confiance qui – dans la même lignée que la deuxième saison de Bref – est le dernier à voir qu’il est « le mec du film ».
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