Culture

Sur scène, la comédie musicale « La Haine » tient ses promesses (malgré quelques bémols)

MUSIQUE – « L’important, c’est le parachute pour l’atterrissage. » La phrase vous dit quelque chose ? C’est normal. Clin d’œil à une citation de La Haine, elle résonne haut et fort dans l’enceinte de la Seine Musicale, près de Paris, où depuis plusieurs jours se déroulent les représentations de l’adaptation en comédie musicale du long-métrage culte, César du meilleur film en 1996, avec notamment Vincent Cassel au casting. On y était, ce dimanche 13 octobre.

La Haine : Jusqu’ici rien n’a changé est écrite en deux parties. La première nous cueille, comme dans le film, au lendemain d’une série de violentes émeutes en banlieue parisienne. Même tic-tac de l’horloge. Il est 10 h 38, et Saïd, Vinz et Hubert démarrent leur journée. Colère ou résilience ? Tous dans la cité ne réagissent pas de la même manière aux violences policières de la veille.

De la découverte du flingue, à la mort de leur pote Abdel, en passant par la virée dans la capitale : les pérégrinations des trois garçons (joués ici par Alexander Ferrario, Samy Belkessa et Alivor) suivent à peu de chose près celles du drame de Mathieu Kassovitz, devenu metteur en scène pour l’occasion aux côtés de Serge Denoncourt.

Claque visuelle

Le twist ? Sa mise en scène. Épurée (son seul élément de décor étant parfois une simple carcasse de voiture brûlée), elle repose sur un immense écran, devant lequel les acteurs se tenant sur une plaque tournante jouent pendant que des paysages urbains en réalité augmentée bougent. Le toit d’un immeuble, une salle de boxe, une station de métro… Pari réussi : c’est une claque visuelle, notamment au moment de l’émeute, scène d’ouverture de la deuxième partie.

L’histoire, découpée en une dizaine de tableaux séparés par le décompte du temps, avance, elle, grâce aux musiques. Comme l’incroyable duo signé Doria et Sofiane Pamart ou le titre implacable de clôture écrit par Médine, certaines d’entre elles nous ont marqués. D’autres, à l’image du AST€RIX de JYEUHAIR, un peu moins.

Elles figurent au sein d’une bande originale qui regroupe un large panel de stars du rap actuelles (Youssef Swatt’s, dernier gagnant de Nouvelle école) ou historiques (Akhenaton, Oxmo Puccino, Tunisiano). Un hommage symbolique à la culture hip-hop, apparue dans les années 1990 en France, qu’on retrouve aussi ici avec la venue pendant le spectacle d’un MC, façon chauffeur de salle.

Naruto, Les Marseillais, Mélenchon

C’est surtout dans les dialogues et les clins d’œil à l’actu d’aujourd’hui que s’opère la mise à jour. Nos héros adorent Naruto, Les Marseillais, détestent Bardella et blaguent sur Mélenchon. Les smartphones jouent un rôle central. Si Saïd nous répète avoir besoin de charger le sien, Vinz s’en sert pour se filmer torse nu avec son arme à feu, comme dans cette scène culte avec Vincent Cassel devant le miroir de sa chambre.

Pas d’intervention de l’acteur ni d’un autre membre du casting initial, mais un happening de Mathieu Kassovitz, ce dimanche. L’acteur et réalisateur est monté sur scène pour jouer ce vieil homme polonais, qui dans des toilettes publiques raconte aux trois jeunes le récit de son ami juif déporté pour leur rappeler ceux qui nous ont permis aujourd’hui de « chier tranquille ». C’est drôle et malin.

Ce qui l’est moins, c’est l’absence de femmes : deux ou trois danseuses et une seule chanteuse, dont le talent aurait bien mérité qu’on la voie plus d’une scène. Jusqu’ici, rien n’a-t-il vraiment changé ? Les violences policières, certainement pas. Mais La Haine, oui. Y compris son message de fin. Un message qu’on ne va pas spoiler, ici, mais qu’il est possible de découvrir en ce moment à Paris, puis dans le reste de la France jusqu’en juin prochain.

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