Culture

Une liste de noms affichée dans les WC d’Art Basel pour dénoncer des violences sexuelles

ART – Un happening remarqué dans l’une des plus grandes foires françaises d’art contemporain. Alors que la soirée d’ouverture aux professionnels d’Art Basel Paris se tenait le mercredi 22 octobre au Grand Palais, une action militante a été organisée… dans les toilettes. Comme le rapporte Télérama dans un article paru jeudi, une liste de 34 noms « assortis d’un libellé accusateur : “Harcèlement, agression, viol” » a été imprimée et collée en plusieurs exemplaires.

Imprimé sur du papier rose, vert, orange ou jaune, cet affichage choc n’a pas été revendiqué mais « pourrait faire parler davantage » que certaines des œuvres présentées dans l’édition 2025, analyse le magazine culturel, qui rappelle que « le microcosme artistique » n’a pas encore vraiment fait son #MeToo. Parmi les personnes visées par ces listes figurent des artistes, des commissaires d’exposition, des directeurs d’école d’art ou des collectionneurs. « En majorité français » et « tous issus du monde des arts visuels », précise Télérama.

Un collectif #MeTooArtContemporain avait vu le jour en mai 2024 dans le sillage d’une performance spectaculaire de l’artiste Deborah de Robertis, qui avait tagué cinq œuvres d’une exposition au Centre Pompidou-Metz d’un « Me Too » en rouge. Ce happening, qui lui a valu une mise en examen pour dégradation, était accompagné d’une lettre ouverte mettant en cause sept personnalités du milieu.

Seules deux des 34 personnes de la liste ont déjà été épinglées

Des témoignages sont depuis repartagés par plusieurs collectifs, mais comme le rappelle Télérama, la commission d’enquête parlementaire lancée sur les violences dans le secteur de la culture a quand même « exclu les arts visuels ». De quoi expliquer « un grand ras-le-bol » dans un « tout petit milieu » ou « de nombreux noms circulent » mais « rien ne bouge », résume une professionnelle anonyme interrogée par le magazine.

Si les poseurs d’affiches restent eux aussi anonymes, un de leurs membres a dénoncé les « intimidations » auxquelles les victimes font face et assume une liste « pour donner un coup de poing » ou provoquer un « électrochoc ». Les affiches collées dans les toilettes ont été retirées par les équipes de ménage pour « enlever tout ce qui ne relève pas […] des informations relatives à la foire » Art Basel, explique son directeur Clément Delépine.

Celui-ci assure à Télérama que l’évènement reste « mobilisé et attentif au sujet des violences sexistes et sexuelles ». Reste à voir si ces listes dans les WC seront à l’origine de nouvelles dénonciations. Sur les 34 noms affichés, seuls deux ont déjà été mis en cause dans des affaires médiatiques : le plasticien Claude Lévêque, mis en examen pour viols, et le galeriste Georges-Philippe Vallois, épinglé par une enquête de Mediapart.