Viola Davis regrette d’avoir été formée comme « une parfaite actrice blanche »
DIVERSITÉ – Une expérience inconfortable. Viola Davis est la première afro-américaine à avoir obtenu un Oscar, un Tony et un Emmy, récompensant ses performances au cinéma, au théâtre et à la télévision. En 2023, elle a même reçu un Grammy, devenant la dix-huitième « EGOT » de l’histoire.
Et comme Robin Williams, Jessica Chastain, Oscar Isaac ou encore Adam Driver, l’actrice américaine a étudié à la Juilliard School, un prestigieux conservatoire à New York. Mais dans un entretien pour le podcast Talk Easy de Sam Fragoso, l’actrice américaine regrette avoir été formée comme « une parfaite actrice blanche ».
« En apparence… c’est une formation technique pour aborder les classiques : les Strindberg, les O’Neill, les Tchekhov et les Shakespeare. Je comprends tout à fait, pour trouver sa voie… Mais ce que cela nie, c’est l’être humain derrière tout cela, se désole-t-elle avant de poursuivre. En tant qu’actrice noire, je suis constamment amenée à montrer ma diversité en travaillant sur des œuvres blanches ».
Un manque de représentation
Elle évoque, par exemple, avoir dû jouer Blanche DuBois dans la célèbre pièce Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams, lauréat du prix Pulitzer en 1948. « Je peux faire de mon mieux avec Tennessee Williams, mais il écrit pour des femmes blanches et fragiles. C’est un travail magnifique, mais ce n’est pas moi », argumente-t-elle.
Pour Viola Davis, les acteurs blancs n’ont pas ce genre de contrainte. « Prenons une actrice blanche de 54 ou 55 ans, ce qui est un âge idéal pour jouer la mère dans “Un raisin au soleil” (un classique de Lorraine Hansberry sur l’histoire d’une famille afro-américaine à Chicago dans les années 50, ndlr), sera-t-elle capable de la jouer ? Ou sera-t-elle capable de jouer Beneatha (la sœur) ? Sera-t-elle capable de jouer Molly dans “Come and Gone” de Joe Turner, quand elle dit : “Je ne vais pas au sud” et me le faire croire ? Ils n’ont pas à faire ça », explique-t-elle. Durant sa formation, elle déclare n’avoir joué que des classiques où « aucun acteur noir ne figure ».
« Et puis, une fois que j’ai quitté Juilliard, devinez quoi ? On me demandera surtout d’incarner des personnages noirs, et les gens ne me trouveront pas assez noire », renchérit celle qui s’est fait connaître dans La Couleur des sentiments (2011), film adapté du roman éponyme qui dénonce la condition afro-américaine dans le Mississippi des années 60. Une « sorte d’entre-deux » qui n’a pas empêché l’actrice d’obtenir de multiples récompenses pour son talent d’interprétation.
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