Violé par un prêtre, le réalisateur Jérôme Clément-Wilz craque au micro de France Inter
TEMOIGNAGE – Impossible de retenir ses larmes. Ce jeudi 2 octobre, Jérôme Clément-Wilz était l’invité du Grand Portrait de Sonia Devillers à l’occasion de la diffusion prochaine de son documentaire poignant Ceci est mon corps. Au micro de France Inter, le réalisateur s’est livré sur sa volonté d’obtenir justice après avoir été victime de violences sexuelles lorsqu’il était enfant.
Dans la première partie de son interview, Jérôme Clément-Wilz revient sur la figure de son agresseur Olivier de Scitivaux, un prêtre qu’il a côtoyé « pendant 8 ou 9 ans, un proche de la famille » et qui était omniprésent dans les activités liées aux enfants dans sa paroisse d’Orléans. Le réalisateur explique à la journaliste avoir longuement réfléchi à la question « pourquoi moi ? » dans son processus : « J’ai ressenti pendant longtemps une culpabilité de m’être laissé faire pendant autant d’années ».
Lors de cette interview, le réalisateur revient aussi sur l’une des séquences les plus fortes de son film documentaire : sa plainte déposée contre le prêtre en 2017 et sa confrontation avec ce dernier dans le cadre de l’enquête. Il confie avec émotion avoir fixé longuement ses mains.
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« C’est ce qui me revient le plus. Ce sont les mains qui m’ont étranglé, qui m’ont tiré par le pyjama, qu’il m’enfonçait dans la bouche et dans d’autres endroits. C’est la chose qui me revient le plus de lui, ses mains et ses yeux, puisqu’il me demandait de le regarder dans les yeux », raconte-t-il crûment. Lors de cette confrontation, Jérôme Clément-Wilz a vu ces mains et croisé ce regard, et décidé qu’il ne le fuirait pas.
Une enquête familiale
Le film documentaire Ceci est mon corps revient sur six années de recherches douloureuses pour lui. Une enquête illustrée notamment par des allers-retours et des rendez-vous avec ses avocats pour comprendre tout le processus de dépôt de plainte et accepter son statut de plaignant, tout en reconnaissant être une victime, ce qui a mis de longues années à émerger.
Six années aussi d’une investigation intime et familiale menée par le réalisateur dans le grenier de la maison de son enfance, avec ses proches. Dans le film, il échange longuement avec ses parents pour comprendre les silences. Et reconstruire progressivement le puzzle de ses souvenirs éparpillés par le traumatisme de huit années de violences sexuelles.
Le film documentaire Ceci est mon corps, qui sera diffusé sur Arte le 6 octobre à 22 h 50, est déjà disponible sur le site. Il évoque aussi le verdict du procès d’Olivier de Scitivaux, condamné en 2024 à 17 ans de prison, dont dix ans de sûreté, pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineurs entre 1990 et 2002. Un verdict qui permet aujourd’hui au réalisateur, comme il l’a confié au micro de France Inter, d’avancer individuellement mais aussi de « marcher sur un sol plus ferme, ensemble » avec ses parents.


