Culture

Voici pourquoi certaines chansons restent dans la tête (et comment les en faire sortir)

MUSIQUE – Au début, vous l’aimiez bien cette chanson. Mais, ça, c’était avant qu’elle ne s’immisce dans votre cerveau et joue en relecture automatique pendant trois jours consécutifs, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus la supporter. Vous vous reconnaissez dans cette situation ?

C’est parce qu’elle nous arrive régulièrement à toutes et tous et qu’elle concerne à peu près tous les airs jamais composés. Du dernier single de Taylor Swift à « Soda Pop » entendu dans le dessin animé KPop Demon Hunters, en passant par « We Will Rock You » ou par l’insupportable « Baby Shark »… Toutes les chansons sont susceptibles de devenir des « Earworms », ou « vers d’oreille en français ». Cette expression anglophone issue de l’allemand « Ohrwurm » désigne des mélodies et chansons s’imprimant dans notre esprit au point qu’il est difficile de les en faire sortir.

Certaines sont toutefois plus susceptibles de nous marquer durablement, si l’on en croit plusieurs travaux scientifiques. En 2017, une étude a démontré que les airs au tempo rapide avaient plus de chances de s’infiltrer dans votre cerveau et d’y rester coincés, tout comme les mélodies courtes et répétitives (Ah ! Vous dirais-je maman sur l’air d’une chanson de Mozart en est le parfait exemple), ou les chansons aux notes longues et soutenues. Il y a donc plus de chance pour qu’« I Will Always Love You » de Whitney Houston ou « Pour que tu m’aimes encore » de Céline Dion s’impriment dans votre tête qu’un air de free-jazz ou de rock progressif. « Notre cerveau est simplement attiré par cette structure et cette organisation inhérentes à la musique », explique ainsi à la version américaine du HuffPost Jenna Marcovitz, directrice de la musicothérapie au département de médecine intégrative d’UCLA Health.

Un seul mot suffit pour qu’une chanson reste en tête

Ces vers d’oreilles sont d’autant plus insupportables qu’il est pratiquement impossible d’y échapper. « D’après mes enquêtes, j’ai constaté qu’entre 97 et 99 % de la population est susceptible d’être atteinte de vers d’oreille à un moment donné », a déclaré en 2003 à la BBC le professeur James Kellaris, dont les recherches à l’Université de Cincinnati portent sur les « earworms ».

Et il n’est même pas nécessaire d’entendre jouer ladite chanson pour qu’elle devienne entêtante. D’après Callula Killingly, chercheuse postdoctorale qui étudie le sujet à l’Université de technologie du Queensland (Australie), il suffit parfois d’entendre un mot, un son, ou même de vivre une situation bien particulière pour qu’une connexion hasardeuse se crée dans votre cerveau. Illustration donnée par Susan Rogers, professeure de cognition musicale également citée par le HuffPost US : « Un jour, j’ai repéré une voiture avec un autocollant représentant deux grands yeux de chat. “Eyes Without a Face” de Billy Idol m’est immédiatement venue à l’esprit. »

Évidemment, les chansons que nous écoutons souvent, ou simplement que nous entendons autour de nous, ont aussi davantage de chance de s’ancrer dans notre tête. Le New York Times donne ainsi l’exemple de « Never Gonna Give You Up » de Rick Astley, devenue l’objet d’innombrables mèmes à la fin des années 2000, mais il est fort probable que cela nous arrive aussi avec « Last Christmas » de Wham !, « Parisienne » de Gims ou « Good Luck, Babe ! » de Chappell Roan s’ils passent à la radio ou qu’on les écoute en boucle sur Spotify.

Comment se sortir une chanson de la tête ?

Si les vers d’oreille sont difficiles à déloger, il existe heureusement des méthodes éprouvées pour enfin mettre cette chanson obsédante en sourdine. Des chercheurs de l’Université Western Washington ont ainsi démontré que se lancer dans des tâches nécessitant de la concentration et sollicitant la mémoire de travail, comme la lecture, des puzzles ou les mots fléchés était un moyen efficace pour stopper les vers d’oreille et réduire leur récurrence.

Selon des scientifiques de l’Université de Reading, au Royaume-Uni, un autre moyen de se débarrasser d’une chanson agaçante serait de… Mâcher un chewing-gum. Partant du principe que les vers d’oreille « pourraient être une forme de mémoire musicale involontaire », les chercheurs ont émis le constat que l’action de mâcher permettait de réduire « la répétition des mélodies accrocheuses ».

Enfin, pour certains, la méthode la plus efficace consisterait à soigner le mal par le mal. C’est ce que suggère une autre étude de 2016 menée auprès de 3 000 personnes à qui l’on a demandé de citer les chansons qui restaient le plus souvent coincées dans leur tête. « Impliquez-vous dans la chanson. Beaucoup de gens disent qu’écouter la chanson jusqu’au bout peut aider à éviter de la voir tourner en boucle », assure Kelly Jakubowski, l’autrice principale des travaux. Vous savez donc désormais ce qu’il vous reste à faire pour enfin chasser ce morceau de votre tête.

MUSIQUE – Et si devant votre télévision, vous étiez pris d’une soudaine augmentation de votre ”état d’éveil émotionnel”? C’est ainsi que Laura Ferreri, enseignante-chercheuse en neurosciences à l’université Lyon-2, décrit l’amorce du frisson musical… Cette chair de poule indicible qui nous parcourt à l’écoute de certaines chansons ou morceaux. Un phénomène d’une intensité peu égalée, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.

En cause dans le plaisir ressenti, une soudaine libération de dopamine, “similaire à ce qui se produit lorsque l’on mange, lors de l’acte sexuel, ou quand on gagne de l’argent”, explique la chercheuse. À l’intérieur de notre cerveau, c’est un système de récompense bien connu des neuroscientifiques qui agit: en réponse à des stimuli positifs, notre matière grise diffuse des molécules qui nous font décoller du sol, et nous fait ressentir ce précieux frisson.

S’il reste d’importantes inconnues sur la raison profonde de ce mécanisme, c’est probablement dans la musique en tant que moyen de communication qu’il faut la chercher. “La musique fait réagir les zones du langage” dans notre cerveau, explique ainsi Laura Ferreri, et nombreux sont les scientifiques à souligner qu’elle pourrait être une langue “d’avant les langues”. Un moyen de communiquer des émotions, des envies, qui se passe des mots.

La mémoire, ressort essentiel du frisson musical

Dans cette réactivité cérébrale à la musique, le frisson musical occupe une place toute particulière, en donnant une place essentielle à notre mémoire. Lorsqu’il survient, c’est avant tout parce que notre cerveau anticipe ce moment précis qu’il aime tant. “On est familier avec un stimulus, donc donc on fait pendant qu’on le perçoit une analyse de ce qui arrive”, à l’image d’un enfant qui trépigne devant le sapin de Noël…ou quand le refrain de notre chanson favorite va enfin arriver.

Le plaisir ressenti à l’écoute est ainsi démultiplié, provoquant ce phénomène de récompense, la chair de poule qui nous parcourt. Le recours à la mémoire peut aussi passer par nos souvenirs: si un titre vous rend nostalgique, évoque des moments, des sensations, le frisson musical est là aussi au rendez-vous, pour peu que l’évocation soit suffisamment intense.

S’il existe des expressions musicales qui se prêtent davantage à cette décharge de dopamine, comme le crescendo ou l’appogiature, dont bien des compositeurs et interprètent usent, il n’y pas de règle stricte. La sensibilité de l’auditeur, sa connaissance du genre musical, ses souvenirs font ce tremblement de notre corps, plus que la technique employée. Comme la musique elle-même, le frisson musical est universel.

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