Culture

Vous n’écouterez plus « Les lacs du Connemara » de la même façon après avoir vu ce film

CINÉMA – « On dit que la vie, c’est une folie. Et que la folie, ça se danse » chante Michel Sardou dans Les lacs du Connemara. Le film tiré du roman éponyme de Nicolas Mathieu (qui tient son nom de la célèbre chanson) sort en salles ce mercredi 10 septembre. Il fait le portrait de deux amants que tout sépare ou presque (incarnés par les brillants Bastien Bouillon et Mélanie Thierry), mais aussi celui d’une fracture sociale irréparable. Et ne donne pas vraiment envie de danser.

Pour son 5e passage derrière la caméra, Alex Lutz a choisi d’adapter le roman de l’écrivain français paru en 2022. Hélène (Mélanie Thierry) a tout pour être heureuse : une carrière impressionnante dans un gros cabinet à Paris, un mari dévoué, deux filles aimantes, de l’argent. Mais un burn-out la pousse à retourner s’installer à Épinal, sa ville d’origine. Lorsqu’elle revoit Christophe (Bastien Bouillon), son crush d’adolescente, son cœur se remet à battre. Elle entame alors une liaison avec l’ancienne star du hockey, désormais père célibataire.

Autant vous prévenir, si vous n’avez pas lu le roman et que vous vous attendez à une comédie romantique ou à un film à l’eau de rose, vous allez être déçus. Ce que raconte Connemara, c’est un naufrage annoncé. Comme Titanic, mais sans les papillons dans le ventre et la scène de la calèche.

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Fidèle au récit du livre, Connemara suit les retrouvailles des deux protagonistes, mais aussi leurs vies à chacun, avec leurs proches (joués par Jacques Gamblin, Bruno Sanches, Alexandre Auvergne, Grégory Montel ou encore Clémentine Célarié). Mélanie Thierry et Bastien Bouillon sont tous les deux impeccables dans le long-métrage, et leur alchimie évidente. Et c’est peut-être ça le plus difficile à regarder.

La fracture des classes sociales

Le choix du titre Connemara n’est pas anodin. Comme l’a réaffirmé Alex Lutz au micro de France Inter le lundi 1er septembre, « c’est toute la beauté d’une grande chanson populaire qui échappe aussi à son créateur et même à l’image de son créateur. Cette chanson, elle se saute et elle se danse dans des soirées HEC, mais aussi dans des mariages, communions. Et ça dit beaucoup. »

Rapidement, il est en effet évident que tout les oppose, mais Hélène, obsédée par le souvenir de ses années lycée, force le destin. Que cela soit dans une chambre d’hôtel où ils font l’amour très maladroitement pour la première fois, lors d’un apéro avec les vieux copains du lycée qui n’ont pas changé, dans la maison de famille, ou lors d’un mariage, Hélène et Christophe ne sont plus du même monde. Et ne le seront jamais. Très rares sont les moments « de grâce » dans lesquels le réalisateur offre aux spectateurs la possibilité de souffler et d’imaginer une fin heureuse.

Malgré tout, Hélène s’immisce progressivement dans la vie de Christophe, délaissant la sienne. Pourtant, Alex Lutz nous le confirme par le biais de flashbacks réguliers, cette vie simple qu’Hélène semble choisir aujourd’hui, elle la méprise et a tout fait pour la quitter.

Connemara, un portrait de femme

Connemara esquisse ainsi le portrait d’une femme qui n’a plus de repères. Une mère de famille, une épouse, une employée, qui ne sait pas ce qu’elle veut, ni ce qu’elle ne veut plus et n’arrive d’ailleurs pas à formuler à sa psy ce qu’elle ressent vraiment.

Hélène est habitée par une colère sourde depuis des années, un mal-être qui la consume. En retrouvant son amour de lycée, elle pense se libérer. Pour finalement simplement changer de masque. Mélanie Thierry est époustouflante de justesse dans ce rôle de femme à fleur de peau. Tout comme l’est Bastien Bouillon dans celui de l’attachant quadra qui rêve de revivre sa gloire passée.

Comme le disait Alex Lutz, le film, permet aussi de comprendre autrement les paroles de la chanson « festive » de Michel Sardou et d’en appréhender « ce sentiment de chagrin et de tristesse », voire de profonde mélancolie en ce qui nous concerne. Bref, « Un peu d’enfer, le Connemara ».