Culture

Y a-t-il vraiment eu des requins et de l’eau au Colisée comme dans « Gladiator 2 » ?

CINÉMA – 24 ans plus tard, Ridley Scott offre aux spectateurs un retour sanglant dans l’arène. Mais dans Gladiator 2, le sol de celle-ci n’est pas seulement recouvert de sable. Dans le film avec Paul Mescal figure en effet aussi une scène de bataille navale en plein cœur du Colisée, qui accueille pour l’occasion, des requins. Scénario de film hollywoodien ou vérité historique ? On vous répond.

C’est très probablement la scène de la bande-annonce de Gladiator 2 qui a généré le plus de réactions à sa mise en ligne en juillet dernier. Dans un Colisée rempli d’eau, s’entrechoquent des bateaux, des gladiateurs, des soldats romains et des requins.

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La première partie de la séquence est historiquement crédible. Il y a en effet eu des reconstitutions de batailles navales au Colisée. Ce spectacle, rare en raison de son coût élevé, est appelé une Naumachie. Il a été donné plusieurs fois dans l’édifice central de Rome, même s’il a en réalité eu plus souvent lieu dans d’autres endroits plus appropriés aux manœuvres des grands navires de guerre et notamment sur des plans d’eau déjà existants, comme le souligne le site du service archéologique de la ville de Lyon.

En ce qui concerne les requins qui viennent, dans Gladiator 2, dévorer les malheureux soldats et gladiateurs tombés à l’eau, c’est beaucoup moins vérifié. Comme le rappelle le New York Times, personne ne sait s’il y a jamais eu des requins au Colisée, aucun texte ni aucune archive ne le démontre. De nombreux historiens penchent cependant vers la négative, comme le rapporte le Daily Mail qui compile de nombreux témoignages de spécialistes de l’époque romaine, mettant en avant le caractère fantasque de ce scénario dans lequel ces animaux marins auraient été transportés à Rome.

Les libertés artistiques de Gladiator II

C’est Ridley Scott lui-même qui a eu l’idée d’ajouter des requins à cette scène de bataille navale. Confronté à l’improbabilité historique de cette séquence, il a expliqué à Collider : « Vous vous plantez complètement. Le Colisée se remplissait bien d’eau et il y a eu des batailles navales. S’ils pouvaient faire ça, bien évidemment qu’ils pouvaient attraper deux requins avec un filet et les jeter dedans ».

Ce n’est pas la seule liberté historique qu’a prise Ridley Scott dans son péplum. En effet, deux autres scènes impliquant Paul Mescal et des animaux sont remises en question par les historiens. Dans l’une des premières scènes du film, Lucius qui n’est pas encore gladiateur, affronte des babouins enragés pour démontrer son courage face au grand patron de sa future école, le redoutable Macrinus (Denzel Washington).

Une fois encore, il n’existe aucune preuve historique que des gladiateurs aient dû affronter des babouins dans l’arène. L’ajout de cette scène a d’ailleurs été inspiré à Ridley Scott par une vidéo virale sur les réseaux sociaux montrant des babouins attaquant des touristes à Johannesburg, comme le rapporte Variety.

Enfin, au cours de sa quête de vengeance, Paul Mescal, alias Lucius, doit aussi affronter un gladiateur chevauchant un énorme rhinocéros. Cette fois-ci, il y a un peu de vrai. Il est en effet fait mention de la présence de rhinocéros dans l’arène du Colisée, notamment dans un texte des Épigrammes du poète Martial datant de 102 après JC. Il est cependant plus qu’improbable qu’un gladiateur ou autre dresseur ait jamais chevauché cet animal, comme l’explique l’historien Dan Snow au Telegraph en raison de la nature sauvage de l’animal.

D’ailleurs, en réalité les gladiateurs comme Lucius n’affrontaient pas des animaux sauvages dans l’arène. Ce traitement était réservé aux esclaves et aux condamnés à mort, dans des jeux connus sous le nom de venationes (chasses) et se déroulant à d’autres moments que les combats de gladiateurs « classiques ».

Mais tout comme il avait balayé les critiques faites par les historiens sur les erreurs et simplifications historiques de son film Napoléon, Ridley Scott a aussi envoyé valser celles-ci dans toutes les interviews données avant la sortie. S’accordant à lui-même, un pouce en l’air.

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