Comment Julian Bugier va nous faire suivre le Débarquement (presque) en direct à la télé
TÉLÉVISION – Une chaîne d’information en 1944 ? C’est la promesse faite par France 2 à l’occasion des 80 ans du Débarquement de Normandie ce mercredi 5 juin. Dès 23 heures, ce programme intitulé La nuit la plus longue va proposer aux téléspectateurs une couverture XXL de l’arrivée des Alliés sur les plages normandes, à la manière d’une édition spéciale en direct, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.
Aux manettes de ce voyage dans le temps façon chaîne d’info en continu : Julian Bugier, présentateur du JT de 13 heures de France 2. À ses côtés en plateau, on retrouve des éditorialistes politiques comme Nathalie Saint-Cricq ainsi que des historiens et des experts militaires, mais aussi des envoyés spéciaux en Normandie, à Londres, à Washington ou encore à Berlin.
Julian Bugier explique au HuffPost les coulisses de cette émission hors du commun.
Le HuffPost : Comment présenteriez-vous La nuit la plus longue à quelqu’un qui n’en a pas entendu parler ?
Julian Bugier : C’est comme si France 2 avait existé à l’époque du Débarquement et comme si nous prenions l’antenne parce qu’il se passe quelque chose d’exceptionnel en Normandie. En préambule, je dis aux téléspectateurs que c’est vraiment une expérience. Une expérience assez inédite, au service de la pédagogie, de la mise en perspective pour raconter autrement cette page d’Histoire. On a construit l’émission en trois parties et il y a deux ellipses temporelles qui nous permettent de raconter cette nuit à des moments clés.
Quel dispositif avez-vous mis en place pour couvrir au mieux l’événement ?
On a voulu faire quelque chose comme on le fait d’habitude, sans sensationnalisme, sans artifice. Donc c’est assez sobre, très informatif et très dans le direct. Ce qui est formidable, c’est que tous les reporters ont joué le jeu. On reconnaît les figures de la rédac comme Maryse Burgot, Agnès Vahramian, Étienne Leenhardt, Nathalie Saint-Cricq. Des consultants historiques comme Marc Laurenceau et Fabrice d’Almeida renforcent cet effet assez surprenant d’une émission spéciale, comme on les fait habituellement.
Il y a également des reportages et quelques reconstitutions historiques. On a aussi des images restaurées et recolorisées, ce qui donne une qualité aux reportages beaucoup plus importante qu’en noir et blanc.
Et on a retrouvé des témoignages de l’époque que je lis comme s’ils me parvenaient en direct. Ces témoignages ne sont pas ceux de soldats mais de Normands qui ont vécu cette nuit-là de façon particulière. Certains ont été bombardés sous le feu des Alliés, d’autres ont caché des Américains. Nous avons aussi cette parole dans l’émission.
Comment vous êtes-vous préparé à présenter cet événement que vous n’avez pas vécu ?
Sur la préparation, au fond, c’est comme préparer un événement particulier comme je l’ai fait pour les 80 ans du Débarquement que je présenterai le lendemain sur les plages de Normandie. La principale difficulté, c’est surtout de mener une édition spéciale comme je le fais habituellement en connaissant la fin de l’histoire. Il faut pouvoir la raconter à un instant T sans se projeter. C’est ça qui est particulier dans l’exercice de ce vrai-faux direct.
La diffusion du documentaire Apocalypse – Les débarquements en première partie de soirée, est-elle complémentaire ?
Apocalypse s’inscrit dans un temps long avec ce moment d’intensité qu’est le débarquement. Il raconte la préparation, les forces en présence et il s’appuie beaucoup sur les témoignages et les images. Nous, on a le direct mais il y a aussi beaucoup de recontextualisation. Qu’est-ce qu’il se disait pendant cette nuit-là au QG de Churchill ? Qu’est-ce qu’il se disait à Berlin ? Où était Pétain ? Quelle était sa popularité à ce moment-là chez les Français ? Donc ça nous permet aussi de mettre beaucoup de fond dans ce moment du débarquement.
Cette édition spéciale n’a-t-elle qu’un objectif pédagogique ?
À partir de 80 ans, sur un événement mémoriel comme celui-ci, c’est le moment où la mémoire peut disparaître selon les historiens parce que les acteurs et ce qu’ils ont vécu commencent malheureusement à disparaître. Il reste peu de gens qui ont le souvenir de ce moment de l’Histoire. Donc c’était important pour nous d’essayer d’innover.
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