L’Espagne et la Belgique veulent des comptes sur la transparence des votes à l’Eurovision
EUROVISION – C’est une question qui revient en boucle depuis la fin de l’Eurovision. Les télévotes du concours de chant sont-ils truqués ? Depuis quelques jours, des médias du service public commencent à faire émerger des doutes sur la fiabilité du concours, mais aussi sur ses prises de position politiques. Au cœur de la dernière controverse : la participation d’Israël.
Tout commence par une première réaction de la chaîne espagnole RTVE, le soir même de la finale. Comme le rapporte El País, la chaîne s’étonnait que Yuval Raphael, représentante d’Israël au concours, remporte les 12 points maximum du public espagnol, alors que le jury professionnel national n’en a donné aucun.
Pour rappel, les votes de l’Eurovision sont partagés à 50 % entre le jury professionnel et le public. Chaque pays est représenté par un jury national, qui attribue des points aux pays qualifiés, allant de 1 à 12. Du côté du public, il existe trois canaux pour voter : le paiement par SMS, l’appel téléphonique ou la carte bancaire via Internet. Le vote du public est ensuite converti en points, comme pour le jury national, allant de 1 à 12. La répartition des points s’effectue en fonction des pays qui remportent le plus de votes. Le public espagnol a donc voté massivement pour Israël, premier au classement du vote national.
Après avoir reçu un premier document de justification au lendemain de la finale, mais devant le manque de précision des chiffres donnés, la télévision publique espagnole a décidé le lundi 19 mai de demander un audit à l’Union européenne de radio-télévision (UER), l’organisatrice de l’Eurovision.
Les présentateurs de RTVE avaient déjà fait parler d’eux au moment de la demi-finale, en évoquant la guerre à Gaza ce qui est interdit. L’UER a par la suite menacé la chaîne d’une amende, si des commentaires sur le sujet étaient répétés le soir de la finale. Pour rappel, l’Espagne était un des premiers pays à s’opposer à la participation d’Israël au concours de chant.
La Belgique envisage de se retirer du concours
De son côté, la VRT, média flamand de service public, appelle elle aussi l’UER à prendre en compte l’ensemble des préoccupations qui concerne le concours. Le groupe prévoit même de remettre en question sa prochaine participation si aucunes réactions « sérieuses » ne sont émises.
« Nous constatons que l’Eurovision est de moins en moins un événement fédérateur et apolitique. Il entre de plus en plus en contradiction avec les standards et valeurs originales de l’événement, et ceux du service public », a déclaré Yasmine Van der Borght, la porte-parole du média. Comme pour l’Espagne, Israël a décroché les 12 points du public belge, malgré aucun point du jury professionnel.
L’Islande s’ajoute aussi à la liste des pays engagés dans cette enquête des télévotes de l’Eurovision. Stefán Eiríksson, le directeur de la chaîne islandaise RÚV, a confirmé que le radiodiffuseur demandera des explications : « Nous allons bien sûr suivre l’évolution de la situation et demander à l’UER les mêmes informations sur le vote téléphonique que la chaîne nationale espagnole. »
France Télévisions ne prend pas encore position
Au total, Yuval Raphael a récolté 60 points auprès des jurys professionnels et 297 points du public. La candidate s’est hissée à la deuxième place du concours, juste derrière le candidat autrichien JJ.
Eurovision Spotlight, le service de fact-checking de l’EUR, s’est justement penché sur la campagne massive d’Israël pour récolter des points à l’Eurovision. L’enquête précise qu’une agence de communication israélienne proche du gouvernement a créé une chaîne Youtube dédiée à New Day Will Rise, la chanson de Yuval Raphael. Sur cette chaîne, des clips vidéo ont été diffusés du 6 au 16 mai pour un public très précis : les téléspectateurs grecs, monténégrins et luxembourgeois. En effet, ces derniers sont appelés à voter massivement pour la chanteuse dans leur langue maternelle.
Au total, les vidéos ont été visionnées 8,3 millions de fois, comme le précise Eurovision Spotlight. Un autre détail a tapé dans l’œil du service : la promotion de Yuval Raphael sur les réseaux sociaux officiels d’Israël. Or le règlement stipule que le concours est un événement « apolitique » et que les diffuseurs sont tenus d’empêcher l’Eurovision d’être « récupéré à des fins politiques ou instrumentalisé ».
Du côté français, le diffuseur France Télévision ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet des télévotes, de la participation d’Israël à l’Eurovision ou même du respect des valeurs du concours.
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