Respiration par l’anus, pousse des cheveux… Le palmarès hilarant des « anti-prix Nobel »

SCIENCE – Mourir moins bête. Comme chaque année, la cérémonie des Ig-Nobel – parodie des prix Nobel dont le nom est un jeu de mots avec l’adjectif « ignoble » – a distingué ce jeudi 12 septembre les découvertes scientifiques les plus saugrenues et improbables dans diverses disciplines. L’an dernier, des chercheurs avaient reçu un Ig-Nobel de la Santé pour avoir mis au point des toilettes intelligentes capables d’analyser les excréments. Cette année encore, le palmarès réserve des surprises encore plus étonnantes.

Lors d’une cérémonie pleine d’humour qui s’est tenue au Massachusetts Institute of Technology (MIT), dix chercheurs ont été récompensés par ces « anti-prix Nobel ». Selon les organisateurs, l’objectif est de célébrer des travaux « qui font d’abord rire, puis réfléchir ». Certains prix ont même été remis par des (vrais) prix Nobel en personne. Les chercheurs devaient ensuite présenter leurs découvertes au cours de conférences « 24/7 », où ils devaient d’abord résumer leur sujet en 24 secondes, puis en 7 mots seulement.

Parmi les découvertes les plus croustillantes de cette édition 2024, on apprend que les faux médicaments (placebo) sont plus efficaces s’ils provoquent des effets secondaires que lorsqu’ils n’en causent pas, ou encore que la probabilité qu’une pièce tombe sur pile ou face n’est pas strictement de 50/50 : en réalité, elle a 51 % de chances de retomber sur le côté correspondant à la face initialement visible, une conclusion obtenue après 350 757 lancers.

Le prix le plus improbable du palmarès est sans doute celui de la Paix, attribué à un projet de recherche américain mené pendant la Seconde Guerre mondiale sur des missiles guidés… par des pigeons. Les chercheurs eux-mêmes avaient qualifié le projet de « farfelu » à l’époque. Bien que l’idée ait finalement été abandonnée par l’armée, le professeur Skinner avait poursuivi ses travaux avec des résultats prometteurs.

Les mammifères peuvent respirer par l’anus

Le prix Ig-Nobel de physiologie a été décerné à une équipe de chercheurs japonais pour leur découverte surprenante selon laquelle certains mammifères peuvent respirer par l’anus. Après avoir mené une série d’expériences sur des souris, des rats et des porcs, les scientifiques ont observé que ces animaux pouvaient absorber l’oxygène administré via le rectum.

Cette recherche pourrait ouvrir la voie à un traitement de l’insuffisance respiratoire chez l’humain. Inspirés par des espèces comme la loche, qui utilise ses intestins pour respirer, les chercheurs ont commencé leur étude durant la crise du Covid, alors que les respirateurs artificiels manquaient cruellement dans les hôpitaux. Actuellement, l’équipe conduit un essai clinique de phase 1 sur des volontaires humains pour explorer cette approche.

La France apporte une réponse étonnante sur la pousse des cheveux

Un chercheur français, le chirurgien crânio-facial Roman Khonsari, et son équipe ont également été récompensés lors de la cérémonie, en recevant le prix d’anatomie pour leur étude sur le sens de la pousse des cheveux. Leurs recherches ont démontré que, chez la plupart des gens, les spirales capillaires se forment dans le sens des aiguilles d’une montre, mais qu’elles se forment davantage dans le sens inverse des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère sud.

Roman Khonsari, qui travaille à l’hôpital universitaire Necker-Enfants malades de Paris, a raconté au Guardian : « J’étais en train d’opérer lorsque j’ai reçu l’appel. » « J’étais extrêmement heureux car, malgré le manque indéniable de pertinence de cette étude, je suis convaincu que le décryptage des formes dans la nature peut conduire à des découvertes importantes sur les mécanismes fondamentaux du développement. Les formes sont porteuses d’une quantité intéressante d’informations », a-t-il ajouté.

Les chercheurs récompensés ont comme lui fait preuve d’humour et de reconnaissance lors de la cérémonie de jeudi. Les vrais prix Nobel seront pour leur part décernés au début du mois d’octobre en Scandinavie.

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