Bolloré divise son empire Vivendi pour gagner plus
ENTREPRISE – Diviser pour mieux gagner. Quasi unanimes, les actionnaires de Vivendi, le groupe contrôlé par Vincent Bolloré, ont approuvé ce lundi 9 décembre le projet de scission en quatre entités du géant français des médias et de l’édition. Les trois résolutions mises aux voix en assemblée générale à Paris ont été validées chacune à plus de 97,5%.
Une étape nécessaire avant la scission effective du conglomérat, puis à partir du 16 décembre les nouvelles cotations des entités : Canal+ à la Bourse de Londres, Havas (communication) à Amsterdam et Louis Hachette Group à Paris sur le marché Euronext Growth, régulé mais non réglementé. La holding Vivendi restera en Bourse à Paris. Pour le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, c’est « un nouveau chapitre de son histoire » qui s’ouvre pour le groupe.
Valoriser les entreprises en bourse
Pourquoi une telle décision ? Le cours de bourse de Vivendi, valorisé lundi plus de 9 milliards d’euros, « ne reflétait pas la véritable valeur de ses actifs », a rappelé Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré et président du conseil de surveillance de Vivendi. Autrement dit, le tout vaut moins que la somme des parties du mastodonte français.
Cela constituait « un handicap pour nous actionnaires et pour le développement de nos activités », a-t-il ajouté devant plusieurs centaines de participants, aux Folies Bergère.
La scission a en revanche fait bondir certains petits actionnaires, très minoritaires, qui craignent d’y perdre et de voir Vincent Bolloré renforcer son contrôle.
Mais Yannick Bolloré a assuré que la scission est « la voie qui permet de créer de la valeur pour l’ensemble des actionnaires ». Et s’il s’agissait pour le groupe Bolloré, actionnaire de référence à hauteur de 29,9% de Vivendi et ses 73.000 salariés, de prendre son contrôle, « ce n’est pas cette stratégie qu’il choisirait ».
Pour une action Vivendi seront allouées une action Canal+, une Havas et une Louis Hachette Group, et l’action Vivendi sera conservée.
Résidence fiscale en France
Les quatre sociétés deviendront « cousines, après avoir été soeurs », avec toujours comme actionnaire de référence le groupe Bolloré, a illustré Arnaud de Puyfontaine. Les sièges sociaux resteront en France, sauf celui d’Havas. Les sociétés seront toutes résidentes fiscales françaises.
Lors de l’AG, plusieurs actionnaires ont regretté que des places étrangères aient été choisies pour Havas, choisissant Amsterdam pour la possibilité d’y créer une fondation permettant de l’abriter d’une éventuelle OPA hostile, et pour Canal+, qui se tourne toujours davantage vers l’international.
Ces places boursières protègent moins les petits actionnaires et « on est pris en otage », a lancé Catherine Bergal, cofondatrice du fonds activiste CIAM (0,025% du capital de Vivendi). Ce fonds entend « poursuivre les voies alternatives judiciaires » pour obtenir l’annulation de la scission, qui selon ses responsables « contourne la loi sur les offres publiques d’achat obligatoires », selon un communiqué.
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