Ce que disent les choix envisagés par l’exécutif pour rattraper la dette
POLITIQUE – Bruno Le Maire des batailles. Alors que l’Insee a officialisé l’ampleur du dérapage du déficit public de la France mardi 26 mars, et que le gouvernement se retrouve au centre des critiques de l’opposition, le ministre de l’Économie et des Finances cherche des pistes pour corriger le tir.
Sans surprise, Bruno Le Maire semble accroché à la maîtrise des dépenses publiques, principal levier actionné par l’exécutif pour combler un trou croissant. Le gouvernement – qui se réunit ce mercredi matin en séminaire – pourrait à nouveau raboter les crédits de certains champs d’action, comme il vient de le faire sur la rénovation thermique ou les contrats d’apprentissage, pour économiser 10 milliards d’euros.
Problème : les comptes ne sont pas rouges, mais plutôt écarlates. Selon les estimations, l’exécutif doit désormais trouver cinq fois plus pour rattraper le dérapage confirmé mardi. Le tout, avec comme épée de Damoclès les agences de notation qui doivent dévoiler leurs bulletins début avril. Une situation délicate donc pour le gouvernement, qui le pousse à ouvrir « tous les débats », selon le patron de Bercy. Vraiment ? Non.
Pas touche aux impôts (ni aux retraités)
En réalité, l’exécutif ne semble pas enclin à revoir les dogmes qu’il suit depuis 2017. Sur les impôts, tout d’abord : le ministre de l’Économie a confirmé mardi, quelques secondes après la publication de l’Insee, qu’il n’était pas question de les augmenter. Une fin de non-recevoir opposée notamment à Yaël Braun-Pivet et François Bayrou, lesquels plaident pour taxer davantage les entreprises qui font des superprofits ou versent des « superdividendes », dans le sillage de la gauche.
« On peut parfaitement faire des économies sur la dépense publique sans aller piocher dans les poches des Français. Je reste totalement opposé à toute augmentation d’impôts sur nos compatriotes », a tranché Bruno Le Maire sur RTL, soucieux de ne pas rompre avec la ligne qui guide l’exécutif depuis 2017 : pas de hausse d’impôts. Quand bien même elle concernerait les plus aisés.
En ce sens, il est une autre piste écartée avec vigueur par l’exécutif : celle qui reviendrait à toucher au porte-monnaie des retraités. Ou, en tout cas, à désindexer leur pension sur l’inflation. L’idée a été évoquée par le ministre du Budget Thomas Cazenave début mars… avant d’être torpillée par Emmanuel Macron lui-même. « Il faut arrêter de sortir des mesures qui n’ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez perdre les élections… », a soufflé le président de la République lors du Conseil des ministres qui a suivi cette sortie, intempestive à ses yeux.
Le retour de la TVA sociale
Dès lors, on comprend assez aisément que le gouvernement craint de se renier… qui plus est aux yeux de son électorat, plutôt âgé et plutôt aisé. En 2022, 40 % des retraités ont voté Emmanuel Macron à la présidentielle contre 18 % pour Marine Le Pen. Difficile donc de se les mettre à dos à l’orée d’une campagne des européennes épineuse pour le camp présidentiel.
Qu’à cela ne tienne. À rebours de ces différentes propositions, Bruno Le Maire a déjà dévoilé une idée qui a sa préférence pour redresser les finances, tout en améliorant le salaire net des Français. En piste, la fameuse TVA sociale, si chère à la droite depuis des années. Il s’agirait, selon la proposition du ministre de l’Économie, de diminuer les cotisations salariales et patronales tout en augmentant le taux de TVA, afin de faire peser la fiscalité sur la consommation.
Une façon d’améliorer le salaire net des travailleurs, tout en récupérant 60 milliards d’euros selon le décompte du locataire de Bercy… Que demander de plus, en Macronie ? Reste que cette pierre a deux coups, mais également un revers : l’augmentation des prix, pour tous. Une hausse de la TVA concernerait en effet l’ensemble des ménages, des plus aisés aux plus modestes. Pire, elles pourraient avoir un effet délétère pour les plus précaires étant donné que la part de leur revenu dépensé en consommation est beaucoup plus importante. Le tout alors que l’inflation continue d’écraser leur pouvoir d’achat. Pas simple.
Viser les territoires et la dépense sociale
Ce n’est pas tout. Parmi les autres pistes défendues par le gouvernement, on retrouve deux fondamentaux du macronisme : mettre les collectivités à contribution, comme pour la suppression de la taxe d’habitation, et couper dans certaines dépenses sociales.
Concernant le premier point, Bruno Le Maire et Emmanuel Macron préparent les esprits par petites touches. Une prudence qui s’explique, notamment, par la réticence de ces collectivités à mettre la main au pot, elles qui se plaignent de ne pas être assez soutenues et considérées par le gouvernement.
Elles n’ont « aucune raison d’être mises à contribution » pour combler le déficit de l’État, a ainsi prévenu la puissante association des maires de France (AMF) mardi, en expliquant en substance que les régions et autres mairies ont déjà fait assez d’efforts comme ça : « La baisse cumulée de la dotation globale de fonctionnement (principale dotation de l’État aux collectivités, ndlr) en euros constants a représenté un effort de 70 milliards d’euros depuis 2014 ».
Enfin, le gouvernement conserve sa recette qui consiste à faire des économies sur la dépense sociale. Après le doublement du reste à charge des patients sur les médicaments (dès le 31 mars), les transports sanitaires ou les consultations médicales, plusieurs postes de dépenses sont dans le viseur, des arrêts maladie aux affectio,s de longue durée. Sans parler de l’assurance chômage, qui pourrait à nouveau subir un tour de vis. En somme : on ne change pas une méthode qui ne gagne pas tant que ça.
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