Economia

C’est quoi cette étrange « règle » économique qui pourrait gâcher la campagne démocrate

ÉCONOMIE – Panique justifiée à Wall Street ? Avec une chute impressionnante de plus de 1 000 points, le Dow Jones ainsi que plusieurs autres indices boursiers américains et internationaux plongent en bourse ce lundi 5 août. Une conséquence économique directe de la publication d’un récent rapport américain et qui fait la Une de plusieurs grands journaux. « Les craintes d’un ralentissement de la croissance américaine secouent les marchés », titrait notamment le prestigieux New York Times ce lundi sur son site,

Le nuage menaçant d’une récession aux États-Unis serait une sacrée épine dans le pied du camp démocrate et de sa candidate à la présidentielle américaine, Kamala Harris. D’autant que l’actuelle vice-présidente des États-Unis doit bientôt présenter son colistier, avant d’entrer véritablement en campagne pour défendre le bilan de Joe Biden. Lequel comptait justement s’appuyer sur la relative bonne santé économique après la crise inflationniste liée au Covid.

Mais que contient ce rapport pour provoquer de tel remous ? Il présente tout simplement des chiffres décevants sur l’emploi aux États-Unis. Un indicateur suffisant pour déclencher ce que l’on appelle « la règle de Sahm », sur laquelle s’appuient désormais les marchés financiers pour se mettre en état d’alerte, à trois mois de l’élection présidentielle américaine.

La « Sahm rule »

Petit point économie. Créée par l’économiste américaine Claudia Sahm, la « Sahm rule » (ou « règle de Sahm » par chez nous) est une règle économique permettant d’identifier à quel moment l’économie américaine entre en récession. Selon cette règle, il y a récession lorsque la moyenne des trois derniers mois du taux de chômage est supérieure de 0,5 point de pourcentage (50 points de base) ou plus à son niveau le plus bas des douze derniers mois.

Bien que « purement empirique » et sans « fondement théorique » comme tient à le rappeler à l’AFP Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique au sein du fonds d’investissement Lombard Odier IM, cet indicateur affiche désormais 0,53 point de pourcentage en juillet 2024.

Ainsi, depuis vendredi, les marchés « tire(nt) clairement la conclusion qu’on va avoir une récession » et s’enfoncent progressivement dans le rouge depuis qu’ils ont découvert des chiffres du chômage aux États-Unis, bien plus hauts que prévu (+ 4,3 %, le plus haut taux de chômage depuis octobre 2021).

La Banque centrale américaine priée d’agir

Si l’annonce a eu l’effet d’une petite bombe sur les marchés, c’est aussi parce que la crainte d’une récession américaine n’était clairement pas envisagée par les analystes. Ces derniers tablaient plutôt sur une économie américaine solide et en légère croissance, tandis que l’inflation continuait de ralentir. En bref, tous les éléments réunis pour aller de l’avant après la crise du Covid-19.

Mercredi dernier, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, était pourtant le premier à se montrer rassurant au sujet de cette fameuse règle de Sahm, une « une régularité statistique » différente d’« une règle économique qui vous dit que quelque chose doit arriver ». Raison pour laquelle la Fed avait annoncé qu’elle conserverait ses taux à leur plus haut niveau depuis 20 ans, tout en ouvrant la voie à une baisse en septembre.

Face à cette situation, la pression sur la Fed n’a fait que grandir ces dernières heures, afin qu’elle réduise davantage et plus tôt que prévu ses taux directeurs. Si en septembre la Fed « procède à une première baisse des taux de » 0,5 point de pourcentage, « ce sera sa façon d’avouer » qu’elle a mis trop de temps à assouplir sa politique monétaire, estime pour l’AFP Stephen Innes, analyste de SPI AM.

Coup de disjoncteur

Comble de cette situation confuse sur les marchés, la créatrice de la « Sahm rule » est loin de s’inquiéter, estimant que sa règle n’est pas vraiment applicable dans le cas présent. Ne croyant pas à une situation de récession, comme elle l’a elle-même confié au magazine Fortune vendredi, elle affirme que « personne ne devrait paniquer à l’heure actuelle, même si cela semble être le cas pour certains ».

Il y a des indicateurs clés de l’économie qui « semblent toujours très bons », avance-t-elle. Et cite pour cela le fait que le revenu des ménages continue de croître alors que la consommation et les investissements des entreprises restent résilients.

Malgré ces paroles rassurantes, la tendance commence à impacter le reste des grandes économies mondiales, comme le souligne CNN. À commencer par le Japon, dont les actions ont subi ce lundi « leur plus forte perte quotidienne jamais enregistrée », preuve que la règle de Sahm est prise très au sérieux par les marchés mondiaux.

Selon le média américain, la Bourse de New York pourrait même utiliser un « circuit breaker », pour lui permettre de suspendre toutes les transactions effectuées dans cette panique généralisée. Un dispositif mis en place après le choc boursier de 1987 et qui avait récemment été remis au goût du jour durant la pandémie de coronavirus.

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