Cinq chiffres clés pour comprendre le budget hors du commun de Michel Barnier
POLITIQUE – L’addition, s’il vous plaît. Le gouvernement a présenté ses deux textes budgétaires ce jeudi 10 octobre en Conseil des ministres, après un retard inédit de neuf jours. Résultat : une feuille de route difficile, préparée en un temps record et largement contrainte par la situation financière très dégradée.
En présentant ces textes à la presse, le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a évoqué un « effort urgent, nécessaire, et inédit par son ampleur », sans quoi « nos comptes partiraient à la dérive ». « On doit faire des choix courageux maintenant pour s’éviter des choix douloureux plus tard », a-t-il poursuivi aux côtés de son collègue à l’Économie Antoine Armand.
Sans surprise, la potion préparée sous l’égide de Michel Barnier et présentée ce jeudi par les deux ministres issus de Renaissance a un goût amer. Le HuffPost la résume ci-dessous à travers ces 5 points clés.
· Ramener le déficit à 5 %
Alors que le déficit public va déraper autour des 6,1 % du PIB sur l’année 2024 (contre 4,4 % prévus par le gouvernement précédent), le nouvel exécutif se fixe comme objectif ambitieux de revenir autour des 5 % en 2025. Ceci alors que la trajectoire actuelle, sans « coup de frein d’urgence », selon le vocable à Bercy, aurait produit un déficit de 7 % l’année prochaine.
Désormais, le gouvernement table sur un objectif à plus long terme : ramener le déficit de la France sous le fameux seuil des 3 % en 2029. En plus d’être fixé par la commission européenne, ce seuil « est celui qui nous permettra de stabiliser notre dette et donc de nous donner un horizon de désendettement », a ainsi expliqué le ministre de l’Économie Antoine Armand.
· 60 milliards d’euros d’économies
Pour valider le premier cap (celui des 5 % l’année prochaine), le gouvernement prévoit donc un traitement de choc : 60 milliards d’euros d’économie, soit deux points de PIB. « Quand nous disons qu’il faut agir vite et fort pour redresser les comptes, notre objectif n’est pas de dramatiser la situation », a fait valoir Laurent Saint-Martin devant la presse, estimant « que chacun conviendra qu’elle est suffisamment grave pour qu’il n’y ait pas besoin d’en rajouter ».
L’exécutif, qui dément « tout matraquage fiscal et toute cure d’austérité », prévoit de faire peser les deux tiers de cet effort sur les dépenses publiques, soit 40 milliards. Dans le détail, les collectivités territoriales vont devoir se serrer la ceinture à hauteur de 5 milliards d’euros, quand 15 milliards seront pris sur les dépenses de protection sociale. Mais c’est l’État qui supportera la plus grosse part des économies, avec un coup de rabot de 20 milliards d’euros.
· 20 milliards d’euros d’impôts
Si vous suivez toujours, il manque donc 20 milliards d’euros pour atteindre les 60 voulus par le gouvernement. C’est là qu’interviennent les recettes nouvelles ou, en d’autres termes, les hausses d’impôts.
Comme attendu, Michel Barnier et ses ministres prévoient effectivement d’augmenter la fiscalité des ménages les plus riches (ceux qui gagnent plus de 250 000 euros par an) et des entreprises les plus bénéficiaires (celles qui font un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros). Sont donc appelés à contribuer 0,3 % des ménages imposables (65 000 foyers fiscaux) et quelques centaines de groupes industriels. Recette estimée en 2025 : 5,7 milliards pour les contributions des plus riches, et 13,6 milliards d’euros grâce aux entreprises.
· 4 000 profs en moins
Dans ce contexte, la baisse des dépenses de l’État concernera, elle, tout le monde. Avec des répercussions, forcément conséquentes. « Faire mieux avec moins de moyens et d’effectifs », a ainsi répété Laurent Saint-Martin ce jeudi, reprenant l’adage du Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale. Ainsi, l’exécutif prévoit notamment de raboter les dispositifs d’accompagnement pour l’isolation thermique, les voitures électriques ou encore l’apprentissage.
Autre illustration majeure de l’adage gouvernemental : la suppression de 4 000 postes d’enseignants sur l’année prochaine. Certes, il est prévu dans le même temps l’embauche de 2000 AESH supplémentaires pour les élèves en situation de handicap. Mais le différentiel, et le rabotage de 2000 effectifs, ne manquera pas de susciter nombre de réactions, à l’heure où certains élèves n’ont toujours pas de professeurs dans leurs classes.
· La croissance à 1,1 %
Malgré ce traitement de choc, entre économies et recettes supplémentaires, le gouvernement l’affirme : la croissance de la France ne sera pas affectée. Selon Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, elle devrait s’établir l’année prochaine à 1,1 % du PIB, comme prévu. « Ce budget protège nos leviers de croissance et de transformation », a ainsi fait valoir le ministre de l’Économie.
Suffisant pour envisager un début de désendettement ? Pas encore. Selon le ministre de l’Économie, la dette « colossale » de la France (elle devrait s’établir à 3 300 milliards d’euros, soit près de 113 % du PIB) va encore augmenter quelques années avant de dégonfler, si la trajectoire prévue par le gouvernement est tenue. De quoi laisser entrevoir plusieurs années d’efforts, après ce sévère « coup de frein ».
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