Economia

Couac au gouvernement après cette campagne « maladroite » contre le Black Friday

POLITIQUE – Merci, mais non Bercy. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a jugé ce jeudi 23 « maladroite » la campagne de l’Ademe visant, en pleine période de Black Friday, à inciter les consommateurs à ne plus acheter de neuf pour préférer le recyclé. Dans la foulée, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a refusé de retirer les spots litigieux, que vous pouvez voir ci-dessous, mettant en lumière quelques dissensions sur le sujet au sein du gouvernement.

La campagne de l’agence affiliée au ministère de la Transition écologique, qui met en scène des « dévendeurs » au lieu de vendeurs, a été largement critiquée par de très nombreux acteurs du commerce. À la veille du Black Friday, ils se sentent directement visés et disent craindre un impact sur leurs ventes lors de la période cruciale de fin d’année.

« Nous demandons à l’Ademe son retrait immédiat, faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial », ont annoncé l’Alliance du Commerce, l’Union des Industries Textiles (UIT) et l’Union française des industries Mode et Habillement (UFIMH).

Le Maire relaie l’inquiétude des commerçants

Invité de Sud Radio ce jeudi matin, le médiatique représentant du leader des supermarchés E.Leclerc, Michel-Édouard Leclerc est lui aussi monté au créneau, « irrité » par l’entreprise de l’agence liée au gouvernement.

« On voit ce que ça veut dire : ça veut dire qu’on défend la société de sobriété, qu’il faut rationaliser ses achats, haro sur la surconsommation… Ça fait sens. Mais balancer un film comme ça à la TV alors que toutes les grandes enseignes franchisées ont déposé le bilan, c’est nous refaire le coup du commerce essentiel pas essentiel », a ainsi estimé le chef d’entreprise. Et d’aller jusqu’à juger « un peu con » cette communication alors même que « l’État a mis beaucoup d’argent pour faire survivre ces commerçants. »

Autant de complaintes dont le ministre de l’Économie s’est fait l’écho ce jeudi matin sur franceinfo, quitte à mettre une pierre dans le jardin de son collègue Christophe Béchu. Bruno Le Maire a ainsi jugé que la campagne « n’était pas très sympa » pour les vendeurs, dont elle semble se moquer, « même indirectement ».

Surtout, a-t-il estimé, c’est maladroit « vis-à-vis du commerce, surtout le commerce physique qui se bat et que nous soutenons, particulièrement en centre-ville ». Pour le ministre, « c’est une façon de faire la promotion indirecte du commerce dématérialisé sur les plateformes », et c’est « regrettable ». « Je crois profondément à la sobriété, mais pas en prenant les vendeurs ou les commerces physiques comme cibles, et pas en culpabilisant », a-t-il enfin asséné.

Béchu « assume » la campagne

Message reçu ? Christophe Béchu a effectivement reconnu « une maladresse » jeudi à la mi-journée sur France Inter, expliquant qu’il « aurait dû cibler avec le même message plutôt les plateformes de vente en ligne que les commerces physiques. » Mais pas question pour autant de revenir en arrière. Au contraire.

Le ministre de la Transition écologique, par ailleurs numéro 2 du mouvement d’Édouard Philippe Horizons, explique effectivement « assumer » cette campagne. « Aucun des spots ne sera retiré », a-t-il prévenu au micro de la radio. « Que 0,2 % du temps d’antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable », a-t-il ainsi justifié. Selon Le Parisien, le ministre de la Transition écologique a d’ailleurs validé les spots publicitaires il y a quelques semaines.

Dans ce contexte, plusieurs responsables politiques membres du camp présidentiel prennent la parole sur les réseaux sociaux pour défendre l’entreprise qui fait aujourd’hui polémique. Parmi eux, le député Horizons Frédéric Valletoux dit sur Twitter « soutenir pleinement Christophe Béchu pour cette prise de position en faveur de la sobriété. »

Un registre sur lequel le rejoint… le maire du Havre, Édouard Philippe. Sur les réseaux sociaux, l’ancien Premier ministre – souvent cité, avec Bruno Le Maire et d’autres comme potentiel candidat du camp Macron en 2027 – salue la « remarquable » tribune de Christophe Béchu. Un texte publié dans Le Monde ce jeudi dans lequel le ministre défend la campagne de l’Ademe. « Plein accord », assume ainsi Édouard Philippe.

À voir également sur Le HuffPost :