Economia

En plus de nuire à la santé mentale, l’excès d’écrans est mauvais pour le PIB

NUMÉRIQUE – Les géants du numérique raffolent de notre attention. Mais les temps d’écrans excessifs passés à scroller ne sont pas sans conséquences, aussi bien sur notre santé physique et mentale que sur l’économie du pays.

D’après les travaux mis en ligne le 4 septembre sur le site du ministère de l’Économie et signés par l’économiste Solal Chardon-Boucaud, qui quantifie les effets négatifs de « L’économie de l’attention à l’ère du numérique », « la surexposition aux écrans et l’usage des réseaux sociaux peuvent être associés à une dégradation de la qualité du sommeil ainsi qu’à une prévalence accrue de troubles psychologiques » — tels que la dépression, l’anxiété ou le stress chronique.

Des conséquences qui proviennent « d’un effet direct lié à la sollicitation numérique -génération d’hormones du stress- et des fonctionnalités de certains outils, comme les comparaisons sociales sur les réseaux sociaux », résume l’étude. Ce n’est pas tout.

Une utilisation excessive des écrans pourrait coûter 2,3 % du PIB

Selon le rapport, l’incidence du temps d’écran sur la santé mentale, combiné à la perte de productivité liée aux usages numériques, représenterait déjà à l’heure actuelle « 0,6 point de PIB » en moins. Un chiffre qui pourrait grimper à 2,3 points de produit intérieur brut par an d’ici 2060. Car les chiffres misent sur une baisse de productivité des nouvelles générations qui entreront sur le marché du travail : les enfants aujourd’hui surexposés aux écrans — notamment les 30 % des 12-17 ans qui passent plus de 35 heures par semaine devant un écran, d’après le Crédoc — en feront alors partie.

Plusieurs analyses soulignent déjà qu’une « forte exposition aux écrans dès le plus jeune âge, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone, a un impact particulièrement fort sur les capacités d’attention, de mémorisation et les compétences langagières », rappelle l’expert. Autre axe d’inquiétude : le déclin des capacités de raisonnement directement lié aux écrans.

Les élèves qui utilisent « le smartphone à l’école plus de 3 heures par jour ont des scores en mathématiques entre 30 et 50 points inférieurs » à ceux l’utilisant moins de 2 heures quotidiennes, selon l’étude PISA 2022 citée par le rapport. De même, les effets potentiels de l’IA générative ne sont pas encore intégrés : en demandant un effort moins important, son utilisation pourrait à long terme entraîner une « dette cognitive » (esprit critique et créativité moindres), selon une étude. Un vrai problème, alors que l’Insee indique que 57 % des moins de 20 ans déclarent ressentir au moins l’un des effets néfastes des écrans (réduction du temps de sommeil, envie obsédante d’aller sur les écrans, négligence des loisirs).