« Fiasco », « opaque »… La billetterie du retour d’Oasis vire à la polémique outre-Manche
MUSIQUE – « Slide away – and give it all you′ve got », entonnent Noel et Liam Gallagher dans Slide Away extrait de l’album Definitely Maybe qui a récemment fêté ses 30 ans. Et justement. Alors qu’Oasis a annoncé se reformer pour une tournée de concerts exceptionnels à l’été 2025, certains fans, eux, ont bien l’impression de « tout donner » en ce qui concerne leur compte en banque.
En cause : les prix des billets de concert mis en vente samedi 1er septembre, qui ont par moments atteint des sommets. Annoncés initialement à 130 livres (environ 155 euros) sur Ticketmaster, certains sésames ont finalement été vendus pour 355 livres (environ 420 euros). Ceci à cause de la « tarification dynamique », un système qui ajuste le prix des places sur le site de la billetterie suivant la demande : plus elle est forte, plus le prix augmente. Et sur lequel le gouvernement britannique entend désormais faire toute la lumière.
« Est-ce que ces mecs ont oublié d’où ils viennent ? »
Si la tarification « dynamique » est très en vogue dans le monde anglo-saxon, elle peine à prendre ses marques en France, où l’on est moins habitué à débourser des milliers de deniers pour l’euphorie d’une soirée. « C’est vraiment la bourse appliquée à l’art. Ça va à l’encontre de l’accès à la culture, et personnellement contre le type de billetterie que je défends, s’indigne auprès du HuffPost une attachée de presse et programmatrice de grands festivals franciliens qui a requis l’anonymat. Est-ce que ces mecs, originaires quand même de Manchester, ont oublié d’où ils viennent ? ».
Chez les fans déçus, beaucoup pointent la responsabilité de Ticketmaster : la plateforme a fusionné en 2010 avec Live Nation, qui s’avère être le tourneur des Mancuniens. Résultat, c’est cet acteur puissant – et face auquel notre interlocutrice a donc requis l’anonymat – qui a la mainmise sur toute la billetterie pour la reformation d’Oasis.
C’est loin d’être une première, mais la portée culturelle et politique du groupe explique certainement pourquoi le sujet a fini par susciter des interrogations au sein même des exécutifs britanniques et irlandais. « C’est déprimant de voir des prix extrêmement gonflés priver les fans. (…) Nous introduirons des questions liées à la transparence et à l’utilisation de la tarification dynamique, y compris la technologie autour des systèmes de files d’attente qui l’encouragent, dans notre prochaine consultation sur la protection des consommateurs pour la revente de billets », a promis la ministre britannique de la Culture, Lisa Nandy.
Elle a immédiatement été adoubée par la Competition and Markets Authority (CMA), le principal régulateur de la concurrence au Royaume-Uni qui a jugé que les consommateurs avaient « besoin d’êtres mieux protégés ».
Londres et Dublin veulent des explications
En Irlande, des investigations ont également été réclamées par le Tánaiste (équivalent du vice Premier-ministre) Micheál Martin, auprès de la Competition and Consumer Protection Commission (la commission pour la protection des consommateurs et de la concurrence). Plusieurs autres élus, aussi bien britanniques qu’irlandais ont pointé du doigt ce qu’ils estiment être une tarification « opaque ». Un député centriste de Londres n’hésitant pas à parler de « fiasco ».
De son côté Ticketmaster, défend un système « équitable » et « sécurisé » et renvoie en filigrane la balle aux artistes, promoteurs, et à leurs équipes, qui choisissent la manière dont sont vendus les billets. Oasis n’a pour l’heure pas réagi à ces critiques.
L’année dernière, la Commission européenne avait indiqué qu’elle surveillait de près les pratiques de « tarification dynamique ». Elle a également rappelé que « l’imposition de prix abusifs par une société en position dominante » serait contraire à la législation européenne. Whatever ? Pas vraiment. En mai dernier, les États-Unis ont pris les devants et assigné Ticketmaster et Live Nation en justice pour « pratiques anticoncurrentielles ».
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