Economia

Il reste un point de désaccord entre Londres et l’UE (et ce sont les jeunes qui trinquent)

INTERNATIONAL – C’est une « nouvelle ère » qui s’ouvre cinq ans après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Londres et Bruxelles ont trouvé ce lundi 19 mai un accord visant à resserrer leurs relations, lors d’un sommet inédit depuis le Brexit. Après des mois de négociations, Européens et Britanniques ont conclu un partenariat sur la défense et la sécurité, trouvé un compromis pour assouplir certaines barrières commerciales et prolongé un accord sur la pêche, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques à l’AFP.

Les tractations se sont poursuivies jusqu’à la dernière minute pour lever notamment les derniers blocages sur le dossier épineux de la pêche, particulièrement sensible pour la France. Finalement, Londres et les 27 ont acté la reconduction de l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques – qui devait expirer en 2026 – pendant douze années supplémentaires, selon ces sources. En contrepartie, les Britanniques pourront exporter plus facilement leurs produits vers le marché européen, grâce à une reconnaissance mutuelle de normes phytosanitaires, selon une version provisoire de l’accord consultée par l’AFP.

Ce sommet « marque une nouvelle ère dans nos relations », a déclaré le Premier ministre Keir Starmer en accueillant la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa. « Nous sommes en train de conclure un nouveau partenariat stratégique adapté à notre époque, qui apportera des avantages réels et tangibles en matière de sécurité, d’immigration clandestine, de prix de l’énergie, d’agroalimentaire, de commerce et autres », a-t-il insisté.

Les négociations n’aboutissent pas sur la mobilité des jeunes

« C’est un grand jour parce que nous tournons une page et ouvrons un nouveau chapitre, qui est si important en ces temps où nous voyons monter les tensions géopolitiques », a affirmé de son côté la cheffe de l’exécutif européen, insistant sur le fait que le Royaume-Uni et l’Union européenne « partagent les mêmes valeurs ».

Mais les pourparlers, qui n’ont pas été aisés, n’ont en revanche pas complètement abouti sur la mobilité des jeunes. Bruxelles proposait un accord pour que les jeunes Européens de 18 à 30 ans puissent étudier et travailler temporairement au Royaume-Uni, permettant aux jeunes Britanniques de faire de même dans l’UE. Au départ réticent, le gouvernement travailliste s’était montré ouvert aux principes, restant toutefois méfiant envers toute mesure qui pourrait faire gonfler l’immigration nette, que le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est engagé à faire baisser.

Les discussions sur ce volet vont se poursuivre, les deux parties s’étant engagées à avancer vers un programme de visas permettant aux jeunes de venir travailler ou étudier. De même, les participants aux échanges se sont mis d’accord pour discuter d’un éventuel retour du Royaume-Uni au sein du programme d’échange étudiant européen Erasmus. Le sujet reste sensible côté britannique, où les partis traditionnels sont préoccupés par la montée en puissance des europhobes et anti-immigration du parti Reform UK, dirigé par l’ex-champion du Brexit, Nigel Farage.

Ce lundi, le vice-président de Reform UK Richard Tice a accusé le gouvernement d’avoir « capitulé » devant l’UE. « Nous redevenons soumis aux règles de Bruxelles », a dénoncé sur X la cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch, jugeant « inquiétant » l’accord sur la pêche et la perspective de discussions sur la mobilité des jeunes.

Un pacte sur la défense face à la menace russe

De son côté, le travailliste Keir Starmer – qui avait promis de « réinitialiser » les relations avec l’UE à son arrivée à Downing Street en juillet dernier – était désireux de tourner la page des années de tensions entre les 27 et les précédents gouvernements conservateurs liées au Brexit.

Depuis, la guerre déclenchée par la Russie contre Ukraine et le risque d’un désengagement américain du continent européen ont conforté Londres et Bruxelles dans leur volonté de resserrer les liens dans le domaine de la défense. « Aucune ligne rouge n’a été franchie » de part et d’autre, a fait valoir une source diplomatique européenne. Ces dernières semaines, Keir Starmer avait répété à l’envi les siennes : pas question de revenir dans le marché commun ni dans l’union douanière, pas question de rétablir la libre circulation.

Le pacte sur la défense de ce lundi devrait permettre au Royaume-Uni de participer à des réunions ministérielles de l’UE et de rejoindre certaines missions militaires européennes, au-delà des engagements communs déjà forts avec les pays de l’UE membres de l’Otan. Pour Londres, l’enjeu est aussi économique, avec à la clé l’accès pour ses entreprises au futur programme européen doté de 150 milliards d’euros visant à développer la base industrielle de défense au sein de l’UE. La participation à ce programme exigera toutefois un autre accord, dans un second temps, ainsi qu’une contribution financière britannique.

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