Impôts, économies, déficit… Les pistes du gouvernement pour le budget 2025
POLITIQUE – « Plus de souplesse » que la ligne de Michel Barnier mais l’objectif final reste le même, à savoir redresser les comptes de la France. Le ministre de l’Économie et des Finances Éric Lombard et sa collègue aux Comptes Publics Amélie de Montchalin ont esquissé, ce lundi 6 janvier, de premières pistes pour le projet de loi finances 2025 (PLF) qu’ils espèrent voir adopté « fin février » au plus tard.
« La situation budgétaire est grave », avec 3 000 milliards de dette « qu’on va léguer à os enfants », a déclaré le ministre de l’Économie sur France Inter. « Il est donc impératif de modifier notre trajectoire » pour atteindre les 3 % de déficit du PIB en 2029. Pour ce faire, le gouvernement Bayrou veut donc réduire les déficits de la Sécurité sociale, de l’État et des collectivités locales. Mais dans une moindre mesure et en jouant sur d’autres leviers que ceux avancés par le gouvernement Barnier et qui lui ont été fatals.
· 50 milliards d’économies en 2025
Michel Barnier et Antoine Armand visaient initialement 60 milliards d’économies en 2025, leurs successeurs voient moins grand. Éric Lombard table sur un effort budgétaire de 50 milliards, ce qui, en termes de déficit public, permettrait de viser entre 5 % et 5,5 % du produit intérieur brut. « Le chiffre n’est pas encore complètement calé » et dépendra « du résultat » des consultations des différentes forces politiques lancées à partir de ce lundi. Pour 2024, l’exécutif table sur un déficit « autour de 6,1 % ».
· Pas de hausse d’impôts, mais…
Pour atteindre son objectif pour 2025, le gouvernement Bayrou mise « essentiellement » sur des économies. Et exclut tout nouvelle hausse d’impôts « par rapport à celles qui ont déjà été annoncées », a confirmé Éric Lombard.
Exit donc l’idée d’une contribution augmentée pour les ménages les plus aisés. Pour la remplacer, le gouvernement mise sur la lutte contre la fraude et « la suroptimisation fiscale » pour les hauts revenus. « Il faut qu’on puisse potentiellement changer les règles pour que tout le monde paie sa juste part d’impôt », expose Amélie de Montchalin sur France 2 ce lundi. Elle vise notamment « les holdings » ou « les montages (financiers) très complexes », pas illégaux mais qui permettent d’éviter une imposition plus lourde. C’est un sujet « où il y a une majorité au Parlement, sans (avoir besoin) de consultations très compliquées », estime-t-elle, annonçant « un plan d’actions » à venir dans « les toutes prochaines semaines. »
· La taxe sur les grandes entreprise conservée
En revanche, le gouvernement souhaite conserver au moins deux idées de la copie Barnier. La première porte sur la contribution supplémentaire sur les grandes entreprises, qui devait rapporter environ 8 milliards d’euros. Éric Lombard vise le même chiffre avec « une base fiscale différente » qui permette de rattraper le retard pris du fait de la chute du gouvernement précédent. Le principe a cependant été accepté par le syndicat patronal du Medef comme un geste de « solidarité », indique le ministre. Le deuxième point repris concerne la taxe sur les rachats d’action, défendue sur plusieurs bancs de l’Hémicycle.
Quid de l’augmentation du taux de prélèvement (30 % actuellement) de la flat tax ? Dans la précédente version du projet de loi, l’Assemblée nationale avait voté en faveur du relèvement du seuil, détricotant ainsi un des marqueurs de la politique économique d’Emmanuel Macron. Cela « fait partie des sujets qui sont sur la table » mais « aucune décision n’est prise dans un sens ni dans l’autre ». « En tout état de cause, si ça devait bouger, ça ne peut être qu’une évolution modérée car cela fait partie des sujets qui nous positionnent dans la compétition internationale et je souhaite que la France reste un pays attractif », a insisté Éric Lombard.
· Travailler avec la gauche plus qu’avec le RN
Ces pistes de budget favoriseront-elles le dialogue avec les forces de l’Assemblée nationale ? Alors que s’ouvre ce lundi 6 janvier des consultations à Bercy entre le gouvernement et les partis politiques, Éric Lombard ne cache pas son intention de miser davantage sur la gauche que sur le RN pour trouver des compromis. « Je pense, alors que la semaine commence, qu’il y a plus de perspective d’un dialogue fécond avec les partis de gauche qu’avec le Rassemblement national », a déclaré le locataire de Bercy. Il a critiqué le principe des « lignes rouges » posées par les lepénistes, « une démarche qui coince tout le monde », et prévenu qu’il ne comptait pas spécialement s’aligner dessus. À rebours donc du gouvernement Barnier, qui avait multiplié les gestes envers l’extrême droite quand les socialistes s’indignaient de ne pas avoir été écoutés.
« Je vais écouter l’ensemble des partis. Nous allons regarder – non pas à qui nous pouvons donner satisfaction – mais quelle politique nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi », met en garde Éric Lombard qui refuse de parler de « négociations ». « On va échanger, intégrer et faire une synthèse. On la proposera aux partis et puis ils se détermineront » lors du vote au Parlement, a indiqué le ministre sur France Inter. Toutes les forces ont répondu présentes à l’invitation des ministres et seront reçues individuellement à Bercy, à l’exception de la France insoumise qui a décliné.
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.