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« J’ai des stratégies pour économiser » : pour cette mère solo d’une collégienne, la rentrée coûte 973 €

RENTRÉE – D’après les estimations de l’UFC-Que Choisir, le prix des fournitures scolaires a augmenté de 10 % depuis septembre 2022. De quoi forcer bien des familles à redoubler de vigilance et à mettre en œuvre des stratégies diverses pour faire baisser la facture de rentrée.

Pour Le HuffPost, Isis*, mère célibataire, a accepté de faire le point sur ses revenus et les dépenses engendrées par la rentrée de sa fille de 12 ans, qui entre en cinquième.

Avec un salaire de 2 700 € net par mois, Isis s’estime chanceuse d’avoir un bon salaire. « J’ai été au SMIC pendant longtemps. Il y a six ans, j’ai changé de branche et mon salaire a beaucoup progressé. Depuis, il est devenu bien plus confortable, explique la quinquagénaire. Je sais que ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres mamans solos. » Selon la classification de l’observatoire des inégalités, ses revenus se situent dans la classe moyenne pour une famille monoparentale.

Issue d’une famille modeste, elle raconte avoir développé des stratégies « pour économiser sur tout » et suit ses comptes de très près à l’aide d’une application dédiée. Chaque mois, elle touche aussi une allocation de soutien parental à hauteur de 187 €.

Kit de la FCPE, courses à prix coûtant et cashbacks

Depuis l’entrée au collège de sa fille, Isis compte sur le kit de rentrée proposé dans certains départements par la fédération nationale des conseils de parents d’élèves (FCPE) pour les fournitures scolaires. « Il est très complet et contient les fournitures de base. Cahiers, stylos, règle, rapporteur… Le prix est assez bas, puisqu’il m’a coûté 70 €. » D’une année sur l’autre, il lui arrive de se retrouver avec des fournitures en doublon que sa fille garde en stock ou qu’elles donnent à EMMAÜS.

Le kit ne couvrant pas l’intégralité du nécessaire pour sa fille, elle a dû compléter par quelques courses supplémentaires (autres cahiers, recharges de stylos, etc.) pour une vingtaine d’euros – dont 7 € qu’elle récupérera en cashback, un système de remboursement d’une partie des achats proposé par certaines applications. Elle privilégie les achats dans une chaîne de papeterie qui propose une partie du nécessaire scolaire à prix coûtant.

Elle compte dépenser environ 20 € supplémentaires pour des livres ou cahiers d’exercices. « L’an dernier, tous les livres recommandés par les professeurs étaient fournis par le CDI du collège mais si ce n’est pas le cas, nous nous tournerons sûrement vers un bouquiniste. » En tout, elle calcule environ 110 € de frais de matériel scolaire.

« On alterne entre le neuf et Vinted »

Pour les vêtements, Isis explique alterner leurs achats entre du neuf et de la seconde main. « Petite, on m’offrait très rarement des vêtements neufs et j’ai gardé l’habitude de privilégier l’occasion. C’est aussi important pour l’environnement et pour consommer de manière responsable », précise-t-elle. Cette rentrée, elle a dépensé 148 € pour la garde-robe de sa fille.

« En tout, j’ai acheté une paire de chaussures de tous les jours en soldes, une paire de baskets de sport et un coupe-vent de sport chez Décathlon, une blouse pour les cours de science, et deux jeans sur Vinted car ses anciens ne lui allaient plus, détaille-t-elle. On achète pas mal de choses sur l’application, mais on se fixe un budget : entre 5 et 10 € par pièce maximum, parce qu’elle grandit tellement vite qu’on doit les changer régulièrement. »

Lors de l’inscription de sa fille au collège public de son secteur, elle a également déboursé une quarantaine d’euros en tout. « Vingt euros pour la caisse de solidarité qui permet, sur la base du volontariat, de cotiser pour les familles qui auraient besoin d’aide ; 8 € d’adhésion à la maison des collégiens qui organise des sorties et des activités ludiques ; 12 € pour l’A.S de l’établissement qui propose des cours de sport variés entre midi et deux », énumère la quinquagénaire. À cela s’ajoutent 80 € de frais de cantine pour quatre repas de midi par semaine au mois de septembre, une somme qu’elle paiera à nouveau chaque mois.

Des activités extrascolaires qui alourdissent le coût de la rentrée

Le poste de dépense principal de cette rentrée, pour Isis et sa fille, est celui des activités extrascolaires. Environ 500 € de frais qui ne sont pas obligatoires, mais que la mère solo est heureuse de pouvoir offrir à sa fille.

« Elle prend chaque semaine des cours de violoncelle, pour lesquels je suis prélevée de 75 € chaque mois de septembre à juin, explique-t-elle. Mais la plus grosse dépense est celle de la location de son violoncelle, qui me coûte 418 € à l’année. Je pioche dans mes économies pour payer en une seule fois, en septembre, ce qui me permet d’avoir un mois offert. » L’assurance du violoncelle lui coûte 27 € par mois, à laquelle s’ajoute l’assurance scolaire annuelle de sa fille à 28,50 €.

Sa fille a également une activité sportive : le patinage, qui lui coûte 24 € par mois pour une heure de cours hebdomadaire, location de patins à glace incluse. « Je voulais lui acheter ses propres patins à glace mais même d’occasion, une paire coûte environ 150 €. Cela attendra le mois prochain, après les grosses dépenses de la rentrée. »

Pour se rendre à ces activités, sa fille prend le bus et elle compte environ 22 € par mois de tickets de transports en commun.

« Je parle beaucoup d’argent avec ma fille »

En tout, la rentrée en cinquième de sa fille coûtera 973 € à Isis, soit environ un tiers de ses revenus. Une somme qu’elle a tenté d’anticiper en répartissant les dépenses sur plusieurs mois, et dont elle a parlé ouvertement avec sa fille.

« Elle sait que je fais attention, et peut voir sur mon application de suivi de mes comptes combien on a pour le mois, ou ce qu’il nous reste à dépenser. Elle sait aussi que certains achats sont faits pour durer et qu’elle devra utiliser son sac à dos Eastpak acheté l’an dernier jusqu’à ce qu’il soit abîmé, par exemple », explique Isis, qui ajoute qu’elle épargne chaque mois pour les futures études de la collégienne.

« Depuis que mon salaire me le permet, j’épargne systématiquement, notamment pour les études de ma fille. Je ne veux pas qu’elle soit bloquée dans ses choix futurs. Je sais que j’ai de la chance de pouvoir le faire » conclut-elle.

* Le prénom a été modifié

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