Economia

Justice, écologie, impôt : les inquiétudes des soutiens de Barnier à la veille du budget

POLITIQUE – Attention à l’atterrissage. Michel Barnier et ses ministres de l’Économie et des Comptes publics mettent la dernière main au projet de budget que le chef du gouvernement doit annoncer jeudi 10 octobre. Une feuille de route déjà évoquée à plusieurs reprises mais dont les précisions (difficiles) sont très attendues.

De fait, le nouveau locataire de Matignon prévoit une potion amère pour assainir les finances publiques et commencer à maîtriser le déficit en dérapage incontrôlé. Au total, seront détaillés 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires (dont des impôts sur les plus aisés) et 40 milliards d’économies de dépense.

Un effort conséquent, « juste et équilibré » selon Michel Barnier, mais qui a de quoi provoquer de nombreux remous dans la sphère politique. Jusque dans son propre camp. Au-delà de la question des impôts, une ligne rouge pour Gérald Darmanin ou Gabriel Attal, plusieurs figures du « socle commun » censé soutenir son action à Matignon, font poindre une forme d’inquiétude.

« Mauvais signal », « budget pas satisfaisant »

C’est le cas par exemple de Christophe Béchu. Invité de la matinale de TF1 ce mercredi 9 octobre, le secrétaire général d’Horizons (le parti d’Edouard Philippe), a fait entendre quelques désaccords, sinon points d’attentions, sur les mesures envisagées à Matignon.

S’il explique que son parti se veut en soutien exigeant, il juge par exemple, que les coupes dans le fonds vert (peut-être raboté de 2,5 à 1 milliard d’euros) seraient un « mauvais signal » dans la période actuelle. « C’est un mauvais signal parce que c’est la subvention qui sert aujourd’hui à accélérer en matière de transition écologique », a ainsi plaidé l’ancien ministre de l’Écologie (entre 2022 et 2024), appelant le chef du gouvernement à prendre en compte « le coût de l’inaction » climatique dans la balance budgétaire.

Ce n’est pas tout. Christophe Béchu, également maire d’Angers, estime que la contribution qui sera demandée aux collectivités territoriales (de l’ordre de cinq milliards d’euros d’économie) est aujourd’hui disproportionnée. Un avis partagé notamment par l’association des maires de France. « Ce qui me trouble c’est qu’au moment où on se parle, il semblerait que l’on demande aux collectivités un effort qui représenterait 15 à 20 % de l’effort global, alors qu’elles ne pèsent que 5 % de la dette », a ainsi argué l’ancien ministre, réclamant au gouvernement plus de « justice » dans la répartition.

Problème : comme à chaque exercice budgétaire, ou presque, chaque chapelle prêche pour sa paroisse. Ainsi, la veille, c’est le garde des Sceaux Didier Migaud qui expliquait aux députés de la commission des Lois de l’Assemblée que le budget présenté jeudi « ne sera pas satisfaisant » pour son ministère.

« Il faut que chacun arrête »

« La lettre plafond qui a été adressée et qui va être reprise, au moins dans un premier temps, par le gouvernement actuel et qui vous sera présenté, représente -487 millions pour le budget de la justice pour 2025 », a indiqué le nouveau ministre de la Justice, expliquant cependant être « mobilisé » pour que « les engagements principaux soient tenus, notamment au niveau des effectifs » de magistrats ou encore de greffiers.

Dans ce contexte, Michel Barnier appelle de son côté à une forme de « responsabilité » devant le défi budgétaire et assume les orientations « impopulaires » qu’il s’apprête à présenter. Il est en ce sens appuyé par le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, qui, ce mercredi 9 octobre, appelle tout le monde à se plier aux efforts demandés.

« Chacun a tendance à avoir des idées d’économies chez les autres et à les refuser chez lui : il faut que chacun arrête de jouer au chamboule-tout avec toutes les pistes d’économies qui sont sur la table », a-t-il expliqué sur franceinfo, sinon, « à la fin, nous ferons zéro économie, et nous continuerons cette spirale infernale de la dette. »

Il faut dire que le projet de Michel Barnier est déjà contesté de toutes parts. Au-delà des critiques son camp, et des réserves de ses propres ministres, le Rassemblement national dénonce par exemple le report de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation tandis que les PME et les collectivités locales, sont vent debout contre les mesures qui les attendent.

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