La France veut faire payer Shein et Temu pour l’envoi de leurs colis (et promet d’épargner les consommateurs)
ÉCONOMIE – La France place ses pions. Face à l’afflux de colis de faible valeur envoyés principalement depuis la Chine vers l’Europe via des plateformes comme Shein ou Temu, la France propose ce mardi 29 avril de faire payer « des frais de gestion ».
Cette mesure pourrait ainsi permettre de financer les contrôles appelés à se renforcer face à l’afflux de colis issus de la fast-fashion notamment. Il s’agit de faire « payer aux importateurs, aux plateformes, et non pas aux consommateurs, un petit montant forfaitaire sur les colis », a tenu à rassurer la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. Elle a d’ailleurs évoqué « quelques euros » par colis, ou « quelques centimes » par article, lors d’un déplacement à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
« En anticipation de la réforme de l’Union douanière en 2028, la France défendra l’instauration rapide au niveau européen d’un mécanisme de frais de gestion sur chaque petit colis entrant en Europe. L’argent récolté servirait au financement des contrôles », a précisé à l’AFP le cabinet de la ministre.
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« Nous ne pouvons agir seuls, parce que si nous agissons seuls, les flux iront dans un autre pays », a également plaidé Éric Lombard, ministre de l’Économie, lors de ce déplacement. « Les Pays-Bas sont très intéressés » et « nous espérons réunir le plus vite possible un groupe de pays qui puisse mettre en place cette mesure », a ajouté la ministre des Comptes publics.
Exonération de taxe douanière
Cette taxe serait donc appliquée à partir de 2026, jusqu’en 2028, date à laquelle l’Union européenne pourrait supprimer l’exonération de taxe douanière sur les colis d’une valeur inférieure à 150 euros, arrivant depuis des pays extérieurs à l’Union européenne. Il faut dire que près de 4,6 milliards d’envois d’une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Et sur ce total, 91 % provenaient de Chine.
En France, 800 millions de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été livrés l’an dernier sur un total de 1,5 milliard. La France cible donc ces envois de faible valeur car ils bénéficient en Europe d’une exonération de taxe douanière quand ils sont envoyés depuis un pays tiers. Une exonération vieille de 2010 que la Commission européenne appelle à supprimer. Pointant surtout le risque d’importation « de produits dangereux ». Sans oublier l’empreinte environnementale non négligeable de tels volumes.
Sans surprise, ces annonces françaises ont provoqué une réaction mitigée du côté de la plateforme Shein. L’entreprise chinoise rétorque dans un communiqué qu’elle « respecte l’ensemble des lois, réglementations et obligations fiscales en vigueur dans chacun des marchés où nous opérons, y compris en France ». Et ajoute que son succès « repose sur (son) modèle unique de production à la demande, et non sur des exonérations de droits de douane ».
Les produits retirés rendus publics
Lors de ce déplacement à l’aéroport de Roissy, il a été annoncé que la France allait également renforcer les contrôles sur les colis contenant des produits cosmétiques ou des médicaments, potentiellement dangereux pour la santé. Des contrôles sur la conformité des produits aux normes de sécurité sont également envisagés. Tout comme des contrôles pour s’assurer de la valeur des colis (afin qu’ils n’échappent pas aux droits de douane), a indiqué Amélie de Montchalin.
À ce titre, les noms des produits retirés pour manque de conformité aux règles seront rendus publics, y compris sur les réseaux sociaux, a ajouté Véronique Louwagie. Des annonces gouvernementales saluées par la Fédération du commerce en ligne et de la vente à distance, la Fevad. « Mais désormais, au-delà des intentions et des mots, nous avons besoin d’actions rapides et concrètes » et « il faut que les avantages injustifiés dont bénéficient les sites asiatiques soient supprimés en urgence et que l’Europe s’attaque à la stratégie de dumping que nous subissons ».
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