Economia

La gauche et les syndicats pointent un angle mort dans le discours catastrophe de Bayrou sur les finances

POLITIQUE – Nouveau round sur fiscal combat. Depuis que François Bayrou a présenté, mardi, sa méthode pour construire le budget 2026 en alertant les Français sur le « piège » de la dette qui menace « la survie de notre pays », les oppositions dénoncent un discours creux et très politique. Plusieurs voix s’élèvent pour critiquer les premières orientations du locataire de Matignon, à gauche, chez les syndicats… Mais pas uniquement.

Pour ramener le déficit autour des 4,6 % du PIB, l’objectif affiché, le gouvernement compte avant toute chose actionner les leviers de la dépense publique, avec 40 milliards d’euros d’économie. « L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories » – État, sécurité sociale et collectivités locales, a ainsi répété Eric Lombard, ce mercredi.

En revanche, François Bayrou et ses ministres excluent pour l’heure « d’augmenter les prélèvements », même sur les foyers ou les entreprises les plus aisés, car c’est « intenable ». « Nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises », a encore martelé le ministre de l’Économie sur franceinfo. Or, pour une partie de la sphère politique, la fiscalité ne doit pas être un « tabou » dans le contexte actuel. Bien au contraire.

Et les recettes ?

Pour Eric Coquerel, le président de la Commission des Finances à l’Assemblée nationale, la politique promise par le gouvernement ne « tient pas compte » du mauvais bilan, selon lui, de la stratégie économique d’Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir, ni du changement d’époque induit par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

« Depuis 2017, on a perdu trois points de recette, pour favoriser les plus riches. La logique de la politique de messieurs Le Maire et Macron était de dire cela va “ruisseler” dans l’économie. Cela n’a pas marché, les chiffres s’alignent vers le bas », a notamment avancé le député insoumis ce mercredi sur RTL, avant d’ajouter : « Si on dit qu’il faut investir dans l’armement – je pense qu’il faudrait plutôt le faire sur l’écologie – il faut aller chercher dans les recettes qui nous manquent, pas baisser la dépense publique. »

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Plus largement, la gauche s’inquiète de « l’impact récessif » sur la croissance de nouvelles économies. Et il ne sont pas les seuls. En parrallèle, plusieurs syndicats appellent également le gouvernement à changer de paradigme, tant pour l’efficacité de la future politique économique, selon eux, que pour des questions d’équité face à l’effort à fournir.

« Pour la CFDT, l’impôt n’est pas suffisament juste »

En sortant de la conférence convoquée par François Bayrou mardi, la leader de la CGT, Sophie Binet a notamment proposé de « taxer le patrimoine », « taxer les dividendes et le capital » ou « augmenter les impôts pour les plus aisés », en regrettant que le gouvernement « refuse de prendre l’argent là où il est pour rétablir nos finances publiques. » Un constat que l’on retrouve aussi du côté de Marylise Léon, la patronne de la CFDT, le premier syndicat français.

Un « champ reste absent (du discours du Premier ministre), c’est la fiscalité », a-t-elle ainsi déploré ce mercredi sur Public Sénat. Or, pour la syndicaliste, « on ne peut pas réfléchir aujourd’hui en 2025 comme on le faisait en 2017. Il faut sortir du noir et blanc. Avec toutes les transformations de ces dernières années (…) il faut pouvoir réfléchir et avoir une vision de société avec le souci de préserver la cohésion sociale. Un de ses ciments, c’est l’impôt. Et aujourd’hui, pour la CFDT, l’impôt n’est pas suffisamment juste. »

Dans ce contexte, il est intéressant de noter que ces points d’attention sont partagés au-delà de la gauche, et des organisations syndicales. Invité de BFMTV mardi soir, le premier président de la Cour des comptes a ainsi appelé le gouvernement à lever le « tabou » de la « fiscalité ». Pour Pierre Moscovici, « il faut que tous les Français fassent des efforts à hauteur de leur capacité contributive ». Autant de pistes de travail pour François Bayrou s’il souhaite, comme promis, associer de nombreux acteurs à la construction de son budget.

Àvoir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.