Economia

L’aggravation du déficit, énorme épine dans le pied du futur Premier ministre

POLITIQUE – Bercy du cadeau. Alors que le chef de l’État continue de chercher le profil idéal pour Matignon, les yeux de l’opposition sont également rivés du côté du ministère de l’Économie et des Finances. Dans une lettre adressée lundi 2 août dans la soirée aux rapporteurs généraux et aux présidents des commissions des Finances des deux assemblées, Bruno Le Maire alerte sur un (nouveau) dérapage du déficit public, qui représente le solde des comptes de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités locales.

Celui-ci devrait atteindre 5,6 % du PIB cette année, voire 6,2% en 2025, si rien n’est entrepris pour redresser la barre. Dans leur courrier, le ministre démissionnaire des Finances et le ministre démissionnaire délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave s’inquiètent de l’« augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités » couplée à une baisse des recettes. Ce surcroît de dépenses pourrait « dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros par rapport » à la trajectoire de déficit envoyée à Bruxelles au printemps.

Un budget « réversible » à disposition

Déjà abaissées de « près de 30 milliards d’euros » au printemps, les prévisions de recettes fiscales pourraient par ailleurs ne pas être atteintes « compte tenu de l’évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales », redoutent les deux ministres. S’agissant des prévisions macroéconomiques, le gouvernement table désormais sur une croissance de 1,1% en 2024, contre 1 % anticipé jusqu’ici, en raison d’un « acquis de croissance à mi-année 2024 plus élevé qu’anticipé et une prévision d’accélération de la croissance au 3e trimestre ».

« Il revient au prochain gouvernement de modifier le cas échéant les éléments préparés, à la fois en matière de recettes et de dépenses », écrivent les deux ministres, alors que cela fait maintenant plus de 40 jours que le gouvernement est démissionnaire, à la suite de la défaite du camp présidentiel aux élections législatives anticipées. Pour autant, le gouvernement démissionnaire prépare pour son successeur un budget 2025 « réversible » sur la base de dépenses de l’État strictement équivalentes à celles de 2024, 492 milliards d’euros, mais réparties différemment.

« Dans le mur »

Dans un communiqué de presse lundi soir, le président de la Commission des Finances de l’Assemblée, Éric Coquerel (LFI) a indiqué que, parmi les documents reçus de Bercy, « un tableau de synthèse des budgets prévus à ce stade pour chaque ministère » montre, selon « une première analyse », que « seuls les budgets dédiés à la défense et à la sécurité augmenteront plus vite que l’inflation » l’an prochain.

À l’inverse, « les politiques les plus touchées devraient être l’aide publique au développement (-18 % sans tenir compte de l’inflation), le sport (-11 %), l’agriculture (-6 %), l’outre-mer (-4 %), l’écologie (-1 %) et la santé (-0,8 %) ». Le travail (+1 %) et l’éducation nationale (+0,5 %) « seront également concernés par une baisse de moyens », puisque l’augmentation des crédits prévus est inférieure à une inflation prévisible autour de 2 % l’an prochain.

Selon le député LFI, en tenant compte de l’inflation, et de la fin naturelle de certains programmes, ce projet de budget « constitue une baisse de 15 milliards d’euros par rapport à la loi de finance adoptée en 2024 », auxquels s’ajouteraient 5 milliards d’économies dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, soit 20 milliards au total.

Or, selon les documents reçus, le déficit public atteindrait 5,6 % du PIB cette année au lieu de 5,1 % espérés, et plongerait à 6,2% en 2025 – au lieu de 4,1 % – si 60 milliards d’économies n’étaient pas réalisées. Même avec 30 milliards d’économies, le déficit public stagnerait encore à 5,2 % l’an prochain, a pu lire Éric Coquerel.

D’ici au 20 septembre, la France, qui subit déjà une procédure pour déficit excessif, comme six autres pays européens, doit envoyer à Bruxelles son nouveau programme de stabilité jusqu’à 2027, date à laquelle elle doit normalement être revenue sous 3 % de déficit public.

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