Economia

Le Nouveau front populaire chiffre quelques mesures clés, mais…

POLITIQUE – 106 milliards sur 3 ans ? 200 sur 5 ans ? Après les estimations à la louche, le Nouveau front populaire (NFP) a dévoilé ce vendredi 21 juin les prévisions de dépenses et de recettes de son programme qui se veut en « rupture » avec la politique d’Emmanuel Macron. Mais si certaines mesures emblématiques sont clairement chiffrées, ce n’est pas le cas de toutes.

C’est un budget « dépenses » divisé en plusieurs séquences que les députés sortants Éric Coquerel (LFI) et Éva Sas (Écologistes), et le sénateur PS Alexandre Ouizille, ont présenté devant la presse. En 2024, ce sont 25 milliards d’euros de dépenses qui sont prévues pour permettre la hausse du point d’indice des fonctionnaires, l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation du SMIC à 1 600 euros, la gratuité de l’école (périscolaire, transport) et la hausse de 10 % des APL.

En 2025, les dépenses sont estimées à 100 milliards, consacrées à de nouvelles embauches dans le milieu éducatif, la mise en place d’une garantie autonomie pour les jeunes en situation précaire et un volet écologique, avec des aides pour la rénovation thermique et le développement de la filière d’énergies renouvelables.

Pour l’année 2026, le NFP estime que les dépenses seront de l’ordre de 125 milliards d’euros et à 150 milliards fin 2027, sous réserve du résultat de l’élection présidentielle. Ces chiffres doivent financer diverses mesures comme une loi pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles (2,6 milliards), l’amélioration du ferroviaire, le soutien de l’agriculture bio…

Pas de chiffrage global

Reste la question à 1 milliard ou plutôt à plusieurs centaines : comment financer ces dépenses ? Les représentants du Nouveau front populaire ont évoqué le rétablissement d’un ISF « avec une composante climatique » qui rapporterait entre 12 et 15 milliards d’euros. Dès 2024, afin de « répondre immédiatement aux urgences », le Nouveau front populaire entend également mettre en place une taxe sur les superprofits, qui rapporterait également 15 milliards d’euros. Ces 30 milliards d’euros serviraient à financer les dépenses de l’année 2024.

Pour 2025, Éric Coquerel a évoqué « deux vecteurs » de revenus : le « partage des richesses » du capital (non-investi, dividendes, actionnariat) vers le monde du travail et les recettes « que nous allons récupérer sur les cadeaux fiscaux les plus importants qui ont été faits aux plus riches », assure-t-il. Il a néanmoins promis que « 92 % des Français » ne verront pas leur fiscalité évoluer défavorablement. D’une façon générale, « les dépenses correspondent exactement aux recettes que nous mettrons sur la table », a martelé l’ancien président LFI de la Commission des Finances.

Pour autant difficile, en dépit de moult relances des journalistes présents, d’obtenir un chiffrage global des postes de dépenses. Les estimations de la socialiste Valérie Rabault dans Les Échos le 18 juin – 106 milliards sur 3 ans – ont été rejetées par la France insoumise. Le 20 juin dans Le Figaro, Jean-Luc Mélenchon a lui estimé le coût du programme à 200 milliards d’euros sur cinq ans mais avec des recettes de l’ordre de 230 milliards, une estimation que les élus présents ce vendredi n’ont pas catégoriquement réfuté.

De même, si les recettes ont été détaillées, le coût de chaque poste de dépenses ne l’a pas été : ainsi, impossible à ce stade de connaître le coût exact de la hausse du SMIC sur les finances publiques, de celles des APL, de la gratuité complète de l’école… Pas possible non plus de connaître le coût d’une réforme des retraites à 60 ans, une des mesures phare de la gauche. Les représentants ont renvoyés à la tenue de discussions avec les partenaires sociaux pour en « déterminer collectivement » les modalités. Et le coût potentiel donc.

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