Le Pass culture a fait perdre 16 millions d’euros en escape games
ÉCONOMIE – La Cour des comptes étrille le Pass culture. Ce mardi 17 décembre, la juridiction administrative et son président, Pierre Moscovici, ont rendu un rapport visant à dresser un « premier bilan » de cette enveloppe de 300 euros destinée aux jeunes, dont la portée n’aurait pas les effets escomptés.
Dans son enquête, la Cour des comptes estime, par exemple, que 16 millions d’euros ont été « indûment dépensés » en escape games, ces jeux d’évasion grandeur nature, « alors qu’elles n’auraient jamais dû être considérées comme pouvant entrer dans le périmètre des offres éligibles sur l’application ».
Jusqu’ici, les jeunes privilégiaient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quarts des dépenses. Depuis la découverte de cette information concernant les escape games, le ministère de la Culture a demandé un déréférencement de 500 offreurs, précise cet article du Monde.
Un Pass qui rate une partie de sa cible
Comme le détaille le quotidien, qui s’est rendu à une conférence de presse organisée ce même mardi, la Cour des comptes n’est pas tendre avec ce dispositif, totem de la politique culturelle d’Emmanuel Macron depuis son lancement en 2017 (avant d’être généralisé en 2021).
Elle dénonce d’abord un coût « non maîtrisé » pour l’État, bien supérieur aux dotations initiales. En 2024, son budget alloué était de 210 millions d’euros contre 244 millions d’euros exécutés. Elle critique aussi son impact, plus limité qu’il n’y paraît. Dans les chiffres, 84 % des jeunes âgés de 18 ans ont activé leur Pass, toutes classes confondues. Chez ceux issus de milieux populaires, le chiffre tombe à 68 %.
L’objectif d’aider les publics les plus éloignés à la culture n’est pas rempli, selon la Cour des comptes. Celui de diversification des pratiques, non plus. Les livres sont en haut du panier, très loin devant l’offre de spectacle vivant qui représente moins de 1 % des réservations.
Rachida Dati se défend
Ces critiques ne sont pas nouvelles. De nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public, de rater sa cible en arrosant tout le monde, même ceux qui ont déjà les moyens ou l’habitude de consommer de la culture. Et de ne pas inciter les jeunes à aller vers des spectacles ou des œuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés sinon, gonflant les ventes des grandes industries culturelles et les grands acteurs du marché, comme la Fnac.
Au mois d’octobre dernier, la ministre de la Culture Rachida Dati a tenté de répondre aux critiques, disant vouloir proposer quelques aménagements. Celle-ci a par exemple expliqué vouloir en finir avec le libre-service qui permet aux jeunes de dépenser comme bon leur semble leur subvention. Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants. Une annonce qui, selon certains, consisterait une nouvelle fois à distinguer les « bonnes » pratiques culturelles des « mauvaises ».
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