Economia

Le redressement des comptes repose bien plus sur les contribuables que ne le dit Barnier

ÉCONOMIE – Les calculs ne sont pas bons. Quelques heures avant la présentation du projet de loi de finances, le Haut Conseil des finances publiques a mis en garde ce jeudi 10 octobre : le redressement des comptes repose bien plus sur les contribuables que ce qu’affirme le Premier ministre Michel Barnier.

Le projet du gouvernement vise à faire des économies de 60 milliards d’euros. L’exécutif s’est vanté de faire cet effort considérable en réduisant massivement les dépenses, et dans une moindre mesure de passer par l’augmentation des taxes et impôts. Le texte indique ainsi des économies de 40 milliards d’euros grâce à une réduction des dépenses, et 20 milliards prélevés auprès des Français.

Sauf que ce ratio est trompeur, a pointé le Haut Conseil des finances publiques présidé par l’ancien ministre socialiste Pierre Moscovici. Dans une intervention devant la presse plus tôt ce jeudi, il a expliqué que la méthode de calcul du gouvernement n’était pas la bonne. Explications.

Deux concepts qui « ne mesurent pas la même chose »

Le calcul de Michel Barnier repose sur l’évolution « tendancielle » des dépenses, c’est-à-dire la progression que ces dépenses connaîtraient en 2025 si aucune mesure n’était prise pour les freiner. Si tel était le cas, le déficit public aurait atteint 7 % du PIB selon le gouvernement, qui veut ramener le déficit à 5 % en 2025 (contre 6,1 % en 2024).

À l’inverse, le HCFP utilise une méthode de calcul qui s’intéresse à « l’effort structurel ». Résultat : le montant des économies à faire n’est plus de 60 milliards, mais de 42 milliards. Et l’effort budgétaire est concentré à 70 % sur une hausse de la fiscalité et à 30 % sur une baisse des dépenses… soit l’inverse de ce que met en avant l’exécutif.

« Ces deux concepts ont leur légitimité, ils ne mesurent pas la même chose », a expliqué Pierre Moscovici. « Mais, dans tous les cas, l’effort sur les prélèvements obligatoires est sous-estimé. Si on raisonne en tendanciel, l’effort sur les dépenses et les recettes est plutôt à 50-50 », a-t-il pointé.

Un projet de budget « fragile »

Pourquoi un tel écart entre les calculs du gouvernement et ceux du HCFP ? C’est encore Pierre Moscovici qui détaille. Il explique notamment que les 20 milliards euros d’impôts « ne tiennent pas compte de certaines mesures figurant dans le projet de budget ». C’est le cas de l’augmentation de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, la TICFE.

Le HCFP remarque aussi que certains prélèvements obligatoires – comme la réduction des exonérations de cotisations employeurs – sont classifiés dans la colonne « réduction de dépenses » alors qu’elle est « ordinairement classifiée en hausse de recettes et de prélèvements obligatoires ».

Au global le Haut Conseil des finances publiques estime que « les prévisions restent un peu optimistes » mais que « l’information est peu documentée ». Et juge « fragile » l’approche budgétaire du gouvernement pour 2025.

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